Les Etats-Unis et l'UE ont trouvé jeudi un accord politique sur les conditions de transfert d'ex-détenus de Guantanamo vers l'Europe, sans que Washington s'engage à en accueillir sur son territoire, selon des diplomates européens.

Cet accord devrait être approuvé sans discussion par les ministres européens des Affaires étrangères lundi, avant de faire l'objet d'une déclaration commune européenne et américaine à une date non encore précisée.

Dans cet accord, Européens et Américains soulignent que «la responsabilité première pour la fermeture de Guantanamo et pour trouver un lieu de résidence pour les ex-détenus revient aux Etats-Unis», selon les diplomates.

Une précédente mouture ajoutait: «Nous prenons note du fait que les Etats-Unis reconnaissent leur responsabilité à accepter certains ex-détenus désireux d'être admis aux Etats-Unis».

Mais cette phrase à laquelle tenaient les Européens - à commencer par les Allemands et les Autrichiens - a été supprimée de la version finalement agréée par les deux parties.

«C'est un compromis», a reconnu un diplomate européen. La question de l'accueil par les Etats-Unis de certains détenus est «un point très sensible à l'heure actuelle,» a-t-il ajouté.

Washington a en revanche accepté que soit évoqué un possible dédommagement des pays de l'UE qui accepteront des ex-détenus. La déclaration stipule que «les Etats-Unis envisagent de contribuer aux coûts liés à l'accueil d'ex-détenus encourus par les Etats membres de l'UE, sur la base du cas par cas».

A la demande des Européens, les Etats-Unis s'engagent aussi à partager avec le pays envisageant d'accepter un ex-détenu «toutes les informations ou renseignements disponibles (confidentiels ou autres) concernant cette personne» pour lui permettre de bien évaluer les risques.

Cette déclaration commune vise à rassurer les nombreux pays de l'UE qui rechignent à prendre des ex-détenus chez eux, mais cela pourrait ne pas suffire.

Un seul ex-détenu est déjà en Europe, l'Algérien Lakhdar Boumediene, qui a été accueilli en France avec sa famille.

L'Allemagne, qui avait déjà refusé de recevoir des Ouïghours, a indiqué jeudi refuser aussi en l'état une demande américaine d'héberger deux autres ex-détenus, originaires selon certaines sources de Tunisie et de Syrie.

Les craintes pour la sécurité sont si fortes que les ministres européens de l'Intérieur ont déjà adopté jeudi dernier un cadre intra-européen sur l'accueil de ces ex-détenus imposant aux gouvernements acceptant d'en recevoir de faire le nécessaire «pour éviter qu'ils ne compromettent l'ordre public et la sécurité interne» des autres pays de l'UE.

Et ce alors même que les seules personnes susceptibles d'être transférées en Europe doivent avoir été lavées de tout soupçon par les autorités américaines.

Sur les 240 personnes encore détenues à Guantanamo, entre «40 et 60» sont considérées comme «innocentes», mais ne peuvent rentrer dans leur pays car elles risquent d'être persécutées.

C'est le cas notamment des quatre Chinois ouïghours qui ont rejoint jeudi l'archipel des Bermudes malgré les réclamations de Pékin.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a reproché au gouvernement des Bermudes, un territoire britannique doté d'une grande autonomie, de ne pas l'avoir préalablement consulté.