À la veille de son discours très attendu en Égypte, Barack Obama a reçu hier un accueil royal en Arabie Saoudite ainsi qu'un message surprise attribué à Oussama ben Laden, qui a renouvelé ses menaces à l'endroit des États-Unis. Il n'avait sans doute pas besoin d'un rappel de la difficulté de sa mission, mais le début de sa première visite présidentielle au Moyen-Orient lui en a fourni un.

Le discours du président Obama au Caire, la capitale égyptienne, sera l'aboutissement d'une promesse électorale, celle de parler directement à un auditoire musulman depuis une grande capitale islamique dans les premiers mois de son mandat présidentiel. Le but était et demeure de raccommoder les relations entre les États-Unis et le monde arabo-musulman, qui ont connu une détérioration marquée au cours de la présidence de George W. Bush.

Le chef de la Maison-Blanche a cru bon de faire précéder son allocution par un détour au royaume wahhabite, où se trouvent les lieux saints de l'islam, Médine et La Mecque.

«Alors que j'ai entrepris ce voyage et que je dois visiter Le Caire demain, j'ai pensé qu'il serait très important de venir là où l'islam est né pour demander conseil à sa majesté», a déclaré le président Obama, qui a rencontré le roi Abdallah dans sa ferme près de Ryad, la capitale saoudienne.

Les deux hommes devaient évoquer le conflit israélo-arabe, l'influence régionale croissante de l'Iran et le dossier Afghanistan-Pakistan, entre autres.

Mais cette visite a été éclipsée en partie par la diffusion sur la chaîne arabe Al-Jazira d'un message audio attribué à Oussama ben Laden. Le chef d'Al-Qaeda y accuse Barack Obama d'être aussi hostile que George W. Bush à l'égard des musulmans. Il a notamment condamné la politique du nouveau président américain vis-à-vis du Pakistan, dont l'armée mène ces jours-ci une offensive contre les talibans dans la vallée de Swat.

«Obama et son administration ont jeté les semences d'une haine et d'une plus grande volonté de revanche contre l'Amérique, a déclaré le chef d'Al-Qaeda. Le nombre de ces semences équivaut à celui de ceux qui ont souffert et de ceux qui ont été déplacés de la vallée de Swat. Que le peuple américain se prépare à continuer à cueillir pendant les années et les décennies à venir les fruits de ce qui a été semé par les dirigeants de la Maison-Blanche.»

La veille, le numéro deux d'Al-Qaeda, Aymane al Zaouahri, avait diffusé son propre message audio, invitant les Égyptiens à ne pas se laisser berner par «des campagnes de relations publiques, des visites théâtrales ou des propos raffinés» d'un «criminel».

La Maison-Blanche est restée discrète sur le contenu du discours du Caire. Avant de s'envoler pour le Moyen-Orient, le président s'était contenté de promettre qu'il ne s'agirait que d'un premier pas vers un dialogue plus large avec les 1,2 milliard de musulmans de la planète.

Le président Obama prendra la parole à l'Université du Caire. Une rencontre avec le président égyptien Hosni Moubarak est également au menu de sa visite.

Un discours signé Ben Rhodes

Il n'a pas encore la renommée de Jon Favreau, le rédacteur principal des discours de Barack Obama. Mais Ben Rhodes a reçu une des missions les plus importantes de sa jeune carrière: rédiger l'allocution que prononcera le président américain aujourd'hui à l'adresse du monde musulman.

Âgé de 31 ans, Rhodes n'en sera pas à sa première expérience du genre. À titre de rédacteur principal des discours de Barack Obama en matière de politique étrangère, il revendique déjà la paternité de l'allocution du président à Prague sur «un monde sans armes nucléaires». Il est également l'auteur principal du rapport sur l'Irak de James Baker et Lee Hamilton, qui recommandait un désengagement américain dans ce pays et un rapprochement avec l'Iran, des stratégies poursuivies aujourd'hui par l'administration démocrate.

Même si ses discours portent la signature d'un autre, Barack Obama joue un rôle important dans leur rédaction, réclamant des changements jusqu'à la dernière minute. Mais les mots de Ben Rhodes pourraient contribuer à un changement majeur dans les relations entre les États-Unis et le monde musulman.

Pas mal pour un gars qui a décroché une maîtrise à l'Université de New York en écriture de fiction...