Le débat sur le sort des détenus de Guantanamo et leur éventuelle arrivée aux Etats-Unis fait rage au Congrès américain où les républicains, farouchement opposés à cette possibilité, se sentent à nouveau pousser des ailes.

«Mon idée est la suivante: ne pas ramener ces gens aux Etats-Unis. Vous pouvez les envoyer en France, en Arabie Saoudite, en Chine, n'importe où ailleurs. Mais ne les libérez pas ici», a lancé jeudi au Congrès le représentant républicain Todd Tiahrt.

L'élu du Kansas (centre) a proposé jeudi un texte de loi pour empêcher le déblocage de fonds publics destinés à financer le transfèrement de détenus vers les Etats-Unis.

Candidat aux sénatoriales de 2010, M. Tiahrt refuse de voir des détenus de Guantanamo transférés dans la prison de Leavenworth, au Kansas, l'un des sites possibles d'incarcération.

Sa proposition a été rejetée par la majorité démocrate mais les républicains promettent de revenir à la charge.

Ainsi, les principaux leaders républicains de la Chambre ont annoncé jeudi le dépôt d'un projet de loi pour bloquer le transfèrement ou à la libération de détenus de Guantanamo aux Etats-Unis, y compris ceux qui ont été déclarés libérables.

Le texte intitulé «Loi pour garder les terroristes hors d'Amérique» stipule notamment que toute personne qui a été par le passé considérée comme «combattant ennemi», selon la terminologie employée par l'administration Bush, ne pourrait être transférée aux Etats-Unis.

Parmi ces personnes figurent 17 Chinois ouïghours, innocentés par la justice fédérale américaine.

Le chef de la minorité à la Chambre John Boehner, a invité ses collègues des deux partis à rejoindre les efforts des républicains «car nos électeurs ne veulent pas de ces terroristes dans leur voisinage», a-t-il dit.

 Au Sénat, le leader républicain Mitch McConnell a fait de la question de la fermeture du camp de Guantanamo son cheval de bataille. Depuis plusieurs semaines, il fustige presque chaque jour la décision du président Barack Obama de fermer le centre de détention sans avoir au préalable décidé du sort des détenus.

«Les Américains apprécient le fait que nous n'ayons pas été attaqués sur notre sol depuis le 11 septembre 2001, et ils ne veulent pas voir les terroristes de Guantanamo de retour sur les champs de bataille ou bien dans leurs arrière-cours», a-t-il déclaré jeudi devant le Sénat.

Face à ce thème fédérateur pour une opposition laminée depuis les élections de novembre 2008, les démocrates sont divisés.

Lundi, le président de la commission chargée, à la Chambre des représentants, d'allouer les fonds publics a annoncé qu'il ne comptait pas accéder à la demande de l'administration de débloquer 80 millions de dollars pour la fermeture de Guantanamo.

«Personnellement, je suis favorable à ce que l'administration envisage (à Guantanamo) mais, à ce stade, il n'y a pas de programme concret», a-t-il estimé.

L'administration Obama envisage d'accueillir certains des 17 Ouïghours sur le sol américain. Elle a demandé à l'Allemagne d'en accueillir d'autres et la France va prendre en charge un détenu algérien totalement blanchi par la justice.

Sur 800 hommes et adolescents passés par les geôles de Guantanamo, seule une vingtaine a été inculpée. Il y reste 241 détenus, dont 60 déclarés libérables.

Selon un rapport du Pentagone publié en janvier, 61 ex-détenus de Guantanamo renvoyés dans leurs pays d'origine ont repris les armes après leur libération.