Les pays de l'hémisphère sud, qui ont pour l'instant échappé en grande partie à la grippe A (H1N1), pourraient devenir plus vulnérables à la maladie avec l'arrivée de l'hiver, qui augmente le risque de transmission et de mutation du virus.

Jusqu'à présent, les pays les plus touchés, le Mexique, les Etats-Unis, le Canada et les pays européens, sont situés dans l'hémisphère nord, où l'on s'approche de l'été.

Or, «les pics d'activité les plus forts de la grippe se produisent en hiver», souligne Raina MacIntyre, qui dirige l'Ecole de santé publique et de médecine de l'université de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie.

La grippe se répand plus facilement en hiver, en grande partie parce que les gens ont tendance à rester à l'intérieur des bâtiments pour se protéger du froid, facilitant la transmission du virus de personne à personne, précise Raina MacIntyre. Il est aussi prouvé que des températures plus fraîches facilitent l'infection par le virus, ajoute-t-elle.

La grippe classique risque ainsi de cohabiter avec la grippe mexicaine, préviennent les experts. Les deux virus pourraient se recombiner, pour devenir plus contagieux ou plus dangereux.

«L'hiver arrive dans l'hémisphère sud et les gouvernements doivent augmenter les mesures de protection de leurs populations, en particulier en l'absence d'un vaccin (contre la grippe A de type H1N1)», a récemment expliqué Dick Thompson, porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). «Nous sommes inquiets du fait qu'ils puisse y avoir une sorte de mélange et c'est un point sur lequel nous porterons une attention particulière».

Le gouvernement australien affirme disposer d'un stock de 8,7 millions de doses de Tamiflu et Relanza, pour une population de 22 millions d'habitants.

Le virus est déjà présent en Nouvelle-Zélande, qui compte six cas confirmés en laboratoire. Et pendant que le Mexique tente de revenir à la normale après plusieurs jours de fermeture de la plupart des commerces et services publiques, le virus est passé en Colombie, premier pays d'Amérique du Sud à avoir confirmé un cas.

«Les pays latino-américains ont probablement un système de surveillance plutôt meilleur qu'en Afrique», a souligné Dick Thompson. «L'Afrique va avoir besoin d'aide supplémentaire et de surveillance.»

En Afrique du Sud, Barry Schoub, le directeur de l'Institut national pour les maladies transmissibles, redoute qu'une pression très forte s'exerce sur les procédures de diagnostic et de traitement, si le pays devait lutter contre les deux virus en même temps. Aucun cas n'a été confirmé à l'heure actuelle en Afrique du Sud, où environ 100 000 doses de Tamiflu ont, selon lui, été stockées.

Certains experts pensent même que les responsables de la santé publique dans les pays de l'hémisphère sud devraient s'inquiéter davantage de la grippe saisonnière que de la grippe mexicaine pour l'instant. «La grippe saisonnière (...) est potentiellement plus grave», observe John Mackenzie, expert de la maladie au sein de l'Université Curtin, en Australie. Selon lui, ces pays devraient se concentrer sur la vaccination des populations vulnérables contre la grippe hivernale.

Malgré toutes les inquiétudes liées à l'expansion de l'épidémie, les pays de l'hémisphère sud disposent de plus de temps pour analyser les données collectées aux Etats-Unis et au Mexique sur le virus. «D'ici qu'il arrive en Australie et dans l'hémisphère sud, nous en saurons plus», assure l'endocrinologue Nikolai Petrovsky, professeur de médecine à l'université Flinders à Adélaïde, en Australie.