À 38 ans, Rahul Gandhi est déjà pressenti comme futur premier ministre de la plus grande démocratie du monde. Alors que se déroulent les élections législatives en Inde jusqu'à la mi-mai, notre collaboratrice a suivi le plus jeune de la dynastie Gandhi en campagne au Punjab.

Un jeune homme au teint clair vêtu d'un kurta-pyjama blanc immaculé apparaît au travers d'un nuage de poussière. Au pas de course, il quitte l'hélicoptère posé près d'un champ d'orge jaune, et, escorté d'un personnel de sécurité, se rend jusqu'à la scène.

 

Devant celle-ci, une mer de turbans et de saris de toutes les couleurs - vert fluo, fuchsia, jaune moutarde... - patiente sous 40 degrés en l'attendant.

Ils sont plusieurs dizaines de milliers de Punjabi - entre 70 000 et 80 000 selon les organisateurs -, assis en tailleur. À l'exception des VIP, qui ont droit à des chaises en plastique et des ventilateurs.

Pas de doute, Rahul Gandhi, malgré son jeune âge, est une vedette de la politique indienne. Sa grand-mère a été première ministre. Son père aussi. Sa mère est la présidente du Congrès national indien qui a mené la coalition au pouvoir ces cinq dernières années. Le parti a gouverné le pays pendant près de cinquante ans depuis l'Indépendance en 1947.

Les jeunes avant tout

Nous sommes à Bathinda, circonscription au fin fond du Punjab indien, au nord du pays, près de la frontière pakistanaise. L'État compte seulement 13 des 543 sièges de la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement.

Mais le grenier à blé de l'Inde, comme on appelle l'État sikh (près de 50% de la population se réclame de cette religion), est parmi les plus riches. Grâce à une agriculture florissante certes, mais aussi à la prépondérance des membres de la caste des bania, une prospère communauté de marchands.

Devant ses partisans, Rahul vante d'abord les mérites du premier ministre, récemment accusé par l'opposition d'être «le plus faible» qu'ait connu l'Inde.

«Manmohan Singh est le lion du Punjab; il fait la fierté des Sikhs», scande-t-il avant d'enchaîner avec ses deux leitmotive: faire de la place à la nouvelle génération et combattre le népotisme en politique. «Les jeunes représentent 70% de la population indienne» fait-il valoir, en soulignant qu'il fera tout pour encourager les jeunes à entrer en politique. Son autre mission, c'est de mettre un terme à la politique de dynasties: «Je veux révolutionner la politique en priorisant le mérite et la performance.»

Comme un «prince»

Après son discours, Rahul rejoint la quinzaine de correspondants étrangers transportés en bus de Delhi par le Congrès la veille pour l'entendre. Il présente les cinq candidats aux législatives du Youth Congress - qu'il dirige. Sans exception, les cinq jeunes hommes ont soit un père ou un grand-père qui a été ministre ou premier ministre du Punjab, ou député au gouvernement central. Bonjour la révolution dont il était question quelques minutes plus tôt!

Rahul explique aux journalistes que ce serait injuste de s'attendre à ce que les choses changent en 15 jours: «La démocratie, c'est une idée, une attitude, avance-t-il, philosophe. Le Congrès pousse dans ce sens. C'est seulement dans cinq ou sept ans que nous verrons les fruits de nos efforts.»

Avant de sauter dans son hélico pour son prochain meeting, le prince de la couronne, comme le surnomment les mauvaises langues, lance qu'avec un nom qui porte comme le sien, «qui serait mieux placé pour promouvoir le changement?»

 

200 millions d'Indiens votent aujourd'hui

Près de 200 millions d'Indiens sont appelés aux urnes aujourd'hui pour la deuxième phase des élections législatives échelonnées jusqu'à la mi-mai. Au total, le «plus grand exercice démocratique au monde» commencé le 16 avril doit voir, jusqu'au 13 mai, 714 millions d'Indiens désigner 543 députés de l'Assemblée du peuple représentant 35 États et territoires de l'Union indienne. Dans ce mastodonte de 1,17 milliard d'habitants - maelström d'ethnies, cultures et castes, aux 18 langues officielles et au paysage politique complètement éclaté - tous les analystes prédisent un fragile gouvernement de coalition.

AFP