Le président américain Barack Obama a tendu la main à Cuba, vendredi à son premier sommet des Amériques à Trinité-et-Tobago, en se disant prêt au dialogue, alors que plusieurs pays l'ont appelé à lever l'embargo de son pays contre l'île communiste.

Au lendemain de ce que sa secrétaire d'Etat Hillary Clinton a présenté comme une «ouverture» de la part des dirigeants cubains, M. Obama a refusé dans son discours de dialoguer «pour le plaisir de parler», mais a dit croire dans la possibilité de donner «une nouvelle direction» aux relations avec Cuba.

«Je suis prêt à faire en sorte que mon administration engage le dialogue avec le gouvernement cubain sur un large éventail de questions: des droits de l'Homme, de la liberté d'expression et de la réforme démocratique à la drogue en passant par l'immigration et les questions économiques», a-t-il dit.

Il a ainsi cherché à désamorcer l'offensive du président vénézuélien Hugo Chavez. Le Venezuela, Cuba, la Bolivie, le Nicaragua, le Honduras, la Dominique et Saint-Vincent (Alternative bolivarienne pour les Amériques ou Alba), avaient annoncé le même jour qu'ils jugeaient «inacceptable» le projet de déclaration du sommet des Amériques faisant l'impasse sur l'embargo contre Cuba.

Des pays plus modérés, comme l'Argentine de son homologue Cristina Kirchner, venaient également d'appeler le président américain à lever l'embargo de son pays contre Cuba, le qualifiant d'«anachronique».

Mme Kirchner l'a appelé saisir «un moment historique» avec Cuba.

Soucieux d'empêcher que cette question ne gâche les retrouvailles de son pays avec l'Amérique latine, et sa première rencontre avec ce continent, M. Obama avait ordonné dès lundi la levée des restrictions sur les voyages des Américano-Cubains et les transferts d'argent vers Cuba.

Exclue de l'Organisation des Etats américains (OEA) en 1962, Cuba n'est pas invitée à participer aux sommets des Amériques.

Dès son arrivée, M. Chavez avait affirmé à Port of Spain que Cuba était «présente ici avec le Venezuela».

MM. Obama et Chavez ont échangé une poignée de main chaleureuse, tous les deux très souriants devant les photographes, comme s'ils voulaient montrer qu'ils étaient décidés à surmonter leurs différences.

«Je ne suis pas venu ici m'occuper du passé, mais de l'avenir», a prévenu le président américain sous les applaudissements.

Le secrétaire général de l'OEA, José Miguel Insulza, a proposé de son côté de mettre fin à l'exclusion de Cuba de cette instance lors de la prochaine assemblée générale de l'organisation en juin.

Dans les délégations latino-américaines on voulait croire que le président vénézuélien n'irait pas jusqu'à provoquer un échec du sommet de Trinité-et-Tobago, une île au large du Venezuela, puisqu'un tel résultat ne manquerait pas de se retourner contre lui dans une région stratégique.

Ce sommet, une première pour les Caraïbes, pourrait permettre à Trinité-et-Tobago, petit pays méconnu de 1,3 million d'habitants, de renforcer son influence au sein de l'OEA et le poids de cette région dans le monde.

Quatre ans après le sommet des Amériques à Mar del Plata (Argentine), miné par des manifestations anti-américaines qui avaient poussé le président George W. Bush à le quitter avant la fin, le choix d'une île et les mesures de sécurité adoptées devraient rendre plus difficile toute manifestation de grande ampleur.