Alors qu'Haïti se prépare à la tenue d'une élection sénatoriale partielle le 19 avril, un des partis majeurs écarté de la course a appelé au boycott du scrutin, dernier rebondissement d'une campagne marquée par quelques incidents violents.

«Nous demandons au peuple haïtien de rester chez lui le 19 avril, jour du scrutin, pour ne pas participer à ce qui est visiblement (...) une mascarade électorale «, a déclaré Rudy Hérivaux du parti Fanmi Lavalas. La formation de l'ex-président Jean Bertrand Aristide, en exil en Afrique du Sud, a été écartée du scrutin par le Conseil électoral, en dépit d'une décision de justice en sa faveur.

«On a l'impression que tout est joué d'avance dans cette élection», a lancé le parlementaire.

Des incidents ont été recensés dans au moins deux régions: des bureaux électoraux ont été attaqués par des inconnus dans le sud et la maison d'un responsable électoral a été partiellement incendiée dans le nord.

«Ce sont des tentatives pour faire obstacle à la bonne marche du processus électoral. Nous travaillons de très près avec la police haïtienne, la force de l'ONU et le gouvernement sur des mesures de sécurité «, a réagi le secrétaire général du conseil électoral, Raphaël Pierre.

Mais un ancien candidat à la présidence, Evans Paul, a également invité ses partisans à ne pas se rendre aux urnes, rappelant que de nouvelles élections auraient lieu en novembre pour le renouvellement de la chambre des députés et estimant qu'il n'est «pas réaliste» d'organiser des élections tous les six mois dans un pays aussi pauvre.

L'organisation du scrutin pour le renouvellement du tiers du Sénat haïtien coûtera 16 millions de dollars. Les deux tiers de cette somme, soit 11 millions, sont fournis par la communauté internationale, dont les Etats-Unis, le Canada, l'UE ou encore le Japon et Brésil.

Pourtant, certains partis se sont plaints de n'avoir reçu aucun financement public alors que seuls certains candidats proches du pouvoir ont pu faire véritablement campagne, en utilisant parfois des véhicules publics.

Un ancien sénateur, destitué pour raison de double nationalité et dont le poste est mis en jeu, a lancé une campagne publicitaire demandant de voter blanc.

Au total, 78 candidats se présentent à cette élection pour 13 postes de sénateurs vacants. Environ 4,5 millions d'électeurs sont attendus aux urnes.

La campagne, qui prendra fin le 17 avril, est plutôt timide, selon des radios de la capitale haïtienne citant des correspondants locaux.

Des candidats ont préféré faire campagne à travers des annonces payantes à la radio ou par affichage, car les rassemblements électoraux n'attirent pas les foules, laissant présager un faible taux de participation.

«Nous visons 20% de l'électorat. Dans un scrutin partiel, le taux n'a jamais dépassé les 8-10% en Haïti «, selon le président du Conseil électoral provisoire (CEP) Frantz-Gérard Verret, qui encourage les Haïtiens à voter pour «stabiliser les institutions du pays».

«Tout est prêt pour la tenue de l'élection», a indiqué Le Conseil, qui a garanti que le scrutin serait honnête et démocratique.