Le président américain Barack Obama a proposé dimanche à Prague de relancer les efforts contre la prolifération de l'atome en vue d'aboutir à un monde «sans armes nucléaires», demandant des sanctions contre la Corée du Nord après le lancement très controversé d'une fusée.

M. Obama a fait ces déclarations à Prague à l'occasion d'un sommet avec les dirigeants de l'Union européenne, qui a été assombri par une polémique entre le président américain et son homologue français Nicolas Sarkozy sur l'adhésion de la Turquie à l'UE.

Sa venue en République tchèque, troisième étape de son offensive de charme en Europe, lui a servi à présenter son grand dessein pour la maîtrise de l'atome militaire pour les années à venir: réduction des stocks, arrêt complet des essais et lutte contre la prolifération.

Une manière pour les Etats-Unis de montrer l'exemple dans l'espoir que l'Iran ou la Corée du Nord seront un jour convaincus de renoncer à leurs propres programme d'armement nucléaire.

«Aujourd'hui, je souligne clairement avec conviction l'engagement des Etats-Unis et son désir d'oeuvrer en faveur de la paix et de la sécurité d'un monde sans armes nucléaires», a déclaré M. Obama, sous les applaudissements d'environ 30.000 personnes rassemblées devant le château de Prague.

Concrètement, il a indiqué que son administration allait militer «avec détermination» en faveur de la ratification par le Sénat américain du traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT).

«Le temps est venu pour que les essais d'armes nucléaires soient définitivement bannis», a-t-il dit.

Par ailleurs, M. Obama entend négocier un nouveau traité international capable «de mettre fin de manière vérifiable à la production de matériaux fissiles» à fins militaires. Il a également appelé de ses voeux la tenue d'un sommet mondial sur la sécurité nucléaire pour empêcher la prolifération des matériaux sensibles.

Aux yeux de Barack Obama, la décision de la Corée du Nord de défier la communauté internationale en procédant au lancement d'une fusée «souligne la nécessité d'une action».

Ce tir l'oblige à gérer sa première grande crise internationale d'envergure. Il a obtenu à Prague la publication d'un communiqué commun de l'Union européenne et des Etats-Unis exigeant «une réponse de la communauté internationale, y compris du Conseil de sécurité de l'ONU».

Dans le même temps, M. Obama s'est efforcé de rassurer la République tchèque et la Pologne, qui craignaient de voir son administration renoncer au projet de bouclier antimissile européen, au moment où Washington cherche à se rapprocher de la Russie et à renouer le dialogue avec Téhéran.

«Tant que la menace de l'Iran persistera, nous avons l'intention d'aller de l'avant», a dit M. Obama.

Mais il a souligné que la raison d'être du bouclier disparaîtra le jour où cette menace nucléaire iranienne ne sera plus d'actualité. Un appel du pied à Téhéran, que Washington cherche à convaincre de renoncer à ses ambitions militaires dans ce domaine.

Le sommet UE-USA proprement dit a été marqué par un rapprochement sur les moyens à employer face au réchauffement climatique. Les Européens ont salué «les nouveaux signaux» envoyés par l'administration Obama dans ce domaine.

Mais la réunion a été aussi le théâtre d'une controverse sur la Turquie. Juste avant de se rendre à Ankara, M. Obama a apporté son soutien à l'entrée de ce pays musulman dans l'UE, un sujet très sensible car plusieurs gouvernements européens s'y opposent.

Le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy a immédiatement réagi en réaffirmant son rejet d'une adhésion de la Turquie et en rappelant au président Obama qu'il appartenait «aux pays membres de l'Union européenne de décider».