Deux jours après le G20 de Londres, les Européens se sont efforcés samedi de mettre en pratique leurs promesses de renforcer la régulation financière mais peinent encore à se mettre d'accord sur la meilleure manière de mettre en place une surveillance accrue.

Les ministres européens des Finances, réunis samedi à Prague, se sont entendus pour travailler sur la base d'un rapport publié fin février par un comité d'expert dirigé par Jacques de Larosière, ex-directeur du FMI.Ce rapport préconise notamment de créer un «comité européen du risque systémique», qui avertirait les autorités nationales en cas d'éventuel problème économique important détecté dans leur pays. Il serait dirigé par le président de la Banque centrale européenne (BCE) et inclurait les gouverneurs des banques centrales de toute l'UE.

Le rapport propose aussi de renforcer les compétences des autorités européennes chargées de la surveillance des banques, des assurances et des marchés financiers. Et ce en leur donnant notamment le pouvoir d'imposer leur médiation de manière «légalement contraignante» entre les superviseurs nationaux.

Mais ce dernier point, tout comme le rôle nouveau donné à la BCE, ont fait l'objet de réserves de certains États, particulièrement le Royaume-Uni, et dans une moindre mesure du Danemark sur la BCE, et de la Slovaquie ou du Portugal sur la médiation, selon une source européenne.

«Il y a un accord considérable sur certains points, mais le diable est dans les détails», a souligné le gouverneur de la Banque centrale tchèque, Zdenek Tuma.

Le Royaume-Uni, qui ne fait pas partie de la zone euro, a exprimé en particulier des «réserves» sur l'idée que le nouveau comité de prévention des risques financiers soit présidé par la BCE, a expliqué un participant à la réunion.

Les Britanniques, qui possèdent la première place financière européenne, la City de Londres, «s'élèvent en disant que ça n'a pas à être présidé par le président de la BCE», a renchéri la ministre française des Finances Christine Lagarde, jugeant pour sa part que la Banque centrale «est parfaitement légitime (...) à être en présidence de ce comité là».

«Il faut qu'on arrive à trouver une solution commune, parce qu'on ne peut pas laisser Londres en dehors du système», a-t-elle néanmoins plaidé.

Le président de la BCE Jean-Claude Trichet a quant à lui mis l'accent sur le fait que le nouveau comité de surveillance des risques impliquerait «toutes les banques centrales, y compris celles qui ne sont pas membres de la zone euro». Et plaidé pour qu'il dispose d'un véritable pouvoir.

Il est «très important que ce ne soit pas quelque chose de futile, qui produise un rapport sans conséquence de temps à autre», a souligné M.Trichet.

«Nous devons rendre cet instrument d'avertissement aussi efficace que possible», a souligné le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia.

La Commission européenne doit maintenant faire des propositions de réformes sur le sujet en mai, parmi d'autres initiatives attendues ce printemps: régulation plus stricte des fonds spéculatifs («hedge funds»), encadrement des rémunérations des dirigeants et des traders.

Les ministres des Finances européens ont par ailleurs réclamé samedi un assouplissement très rapide des normes comptables appliquées à leurs entreprises, les banques en particulier, afin qu'elles ne soient pas désavantagées par rapport à leurs concurrentes américaines.

Une réaction à la décision de l'association qui fixe les normes comptables aux États-Unis, le FASB, qui a assoupli jeudi de manière unilatérale les règles d'évaluation des actifs.