Le président afghan Hamid Karzaï, sous forte pression en raison d'une loi restreignant les droits des femmes chiites, a finalement décidé de lâcher du lest.

Lors d'une conférence de presse convoquée à Kaboul, le chef d'État afghan a déclaré qu'il avait demandé au ministre de la Justice du pays de revoir la loi en question pour s'assurer qu'elle ne contrevient pas à la «liberté que confère notre Constitution aux femmes afghanes».

Dans le cas contraire, des «mesures seront prises», a assuré M. Karzaï, qui avait écarté toute révision de ce type depuis que la controverse a éclaté.

«Nous comprenons les préoccupations de nos alliés de la communauté internationale. Ces préoccupations découlent peut-être d'une mauvaise traduction de la loi ou d'une mauvaise interprétation de son contenu», a-t-il noté.

Le changement de ton du leader afghan survient après que plusieurs pays membres de l'OTAN eurent critiqué la loi, qui doit s'appliquer aux femmes chiites. Elles ne pourraient refuser, sauf dans des cas extrêmes, les avances sexuelles de leur époux et devraient requérir leur autorisation avant de quitter le domicile familial.

À l'ouverture du sommet de l'OTAN vendredi, le secrétaire général de l'organisation, Jaap Hoop de Schaeffer, avait déclaré que la loi contrevenait aux «valeurs universelles» défendues par les soldats occidentaux en Afghanistan. Et qu'elle rendait plus difficile sa tâche de convaincre les pays membres d'envoyer plus de troupes dans le pays pour lutter contre l'insurrection en cours.

Plusieurs ministres canadiens ont critiqué la loi au cours des derniers jours, demandant à M. Karzaï de «s'expliquer» à ce sujet.

Le premier ministre canadien Stephen Harper a dit qu'il était «heureux» de l'annonce de révision émanant de Kaboul. Il a prévenu que le pays subirait une «pression énorme» sur ce dossier jusqu'à ce que les choses «reviennent dans le bon sens».

Le président français Nicolas Sarkozy s'est aussi montré ferme sur le sujet. «Nous sommes là-bas pour défendre des valeurs, ces valeurs concernent tout le monde, spécialement le gouvernement que l'on aide», a-t-il déclaré.

- Avec AFP