Des députés afghans ont défendu vendredi un texte de loi sur la famille signé par le président Hamid Karzaï, affirmant qu'il avait été amendé par rapport à un projet initial qui a suscité des inquiétudes des pays occidentaux concernant la condition des femmes.

Hamid Karzaï a signé ce texte en mars, y incluant plusieurs modifications du projet initial présenté par des représentants de la minorité chiite hazara. La version finale du texte n'a cependant pas été rendue publique.

Le projet de texte que l'AFP a pu consulter indique qu'«il est de la responsabilité de l'épouse d'être prête à satisfaire sexuellement son mari et de ne pas quitter la maison sans autorisation, sauf en cas de besoin ou de difficulté».

Les détracteurs du texte ont souligné que si le texte avait été adopté, il aurait légalisé le viol de la femme par son mari.

Mais la version signée par le président Karzaï stipule que la femme peut refuser des relations conjugales «sur la base d'excuses légitimes ou logiques ou avec la permission de son mari», a expliqué à l'AFP un influent député chiite, Sayed Hussain Alimi Balkhi.

Les modifications, dont l'AFP a pris connaissance, permettent aussi à la femme de sortir de chez elle sans permission, «pour toute raison légitime et dans les limites de la tradition», a ajouté M. Balkhi, qui a participé à l'élaboration du texte.

La minorité chiite hazara, environ 15 pour cent de la population afghane, a fait campagne pour obtenir sa propre législation concernant la famille, distincte de celle de la majorité sunnite.

Mais certaines des demandes ont été rejetées, notamment celle visant à supprimer l'âge minimum de 16 ans imposé pour le mariage, ou encore la demande de contrats de courte durée, autorisant un homme à «épouser» une femme pour une seule nuit.

Une députée influente, Shukria Barikzai, qui a travaillé sur le projet pendant plus d'un an, a affirmé que «la nouvelle loi, après amendement, est bien meilleure, beaucoup plus civilisée».

«Je ne vois pas pourquoi cela a provoqué toute cette agitation», a-t-elle ajouté.

L'agence de l'ONU pour les femmes, l'UNIFEM, s'est cependant dite inquiète, estimant que la loi finale devait être examinée de près.

«Une approche attentive de cette version finale est nécessaire pour déterminer le contenu exact de la loi et UNIFEM-Afghanistan demeure très préoccupée par l'impact potentiel de cette loi sur les femmes en Afghanistan», a indiqué l'agence de l'ONU dans un communiqué.

Le Canada avait officiellement exprimé jeudi ses «profondes inquiétudes» à propos de cette loi. L'ambassade de Grande-Bretagne à Kaboul s'était dite aussi «très inquiète» de certaines des dispositions du texte, mais avait souligné que la version finale devait encore être examinée.

La Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme Navi Pillay a demandé au gouvernement afghan le retrait de cette loi qui «vise les femmes de manière répréhensible» et serait, selon Mme Pillay, «digne des décrets du régime des talibans».

Vendredi, la secrétaire d'Etat française aux droits de l'Homme, Rama Yade, s'est déclarée «profondément choquée».