La confusion se prolongeait mardi sur le sort de Soulim Iamadaïev, un ancien chef militaire tchétchène cible de tueurs à Dubaï, tandis que les autorités russes examinaient la possibilité d'achever l'opération antiterroriste en Tchétchénie.

Un responsable émirati et la police de Dubaï ont maintenu leur version, mise en doute par des sources russes, de la mort de Soulim Iamadaïev, rival du président tchétchène pro-russe Ramzan Kadyrov, dans une attaque samedi à Dubaï.

Soulim Iamadaïev «a été atteint d'une balle et est mort sur le coup», a déclaré à l'AFP un responsable émirati, cependant que la police de Dubaï répétait que le Tchétchène avait été tué par balle dans le parking de son immeuble.

Mais le frère cadet de Soulim, Issa, interrogé mardi soir au téléphone par la chaîne de télévision russe NTV, a au contraire affirmé qu'il était vivant : «il se sent bien. Les médecins ne nous laissent pas parler longtemps avec lui. (...) Il ont dit aussi que rien ne menace sa vie. Tout ira bien».

Selon Issa, le secret qui entoure l'affaire serait lié à la volonté de faciliter le travail de la police émiratie.

Celle-ci a par ailleurs annoncé qu'«un suspect russe avait été arrêté et qu'il était interrogé», a indiqué l'agence officielle Wam.

«Une bande du crime organisé est derrière l'assassinat», a affirmé le chef de la police locale, le général Dahi Khalfan Tamim, cité également par Wam.

Le consul de Russie à Dubaï, Sergueï Krasnogor, a pour sa part affirmé à NTV que «sept personnes» avaient été arrêtées. «Toutes ont des noms slaves», a-t-il dit.

Plus tôt dans la journée, il avait déclaré, cité par Interfax que, n'ayant vu ni le passeport ni le corps de la victime, il ne pouvait «pas affirmer que celle-ci est bien Iamadaïev».

A Moscou, la presse et les experts s'interrogeaient tout haut sur ce mystère mardi. Pour Alexeï Malachenko, analyste à la fondation Carnegie, il pourrait s'agir d'«un attentat planifié par l'entourge de Ramzan Kadyrov», en conflit avec le clan Iamadaïev, ou d'«un règlement de comptes commercial», les frères Iamadaïev ayant contrôlé des entreprises sur le territoire russe.

L'attentat est soit le résultat d'une «vendetta» tchétchène, soit une tentative de déstabilisation des «extrémistes islamistes» en Tchétchénie, a estimé lundi soir à la radio le représentant tchétchène au Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe), Ziad Sabsabi.

Coïncidence troublante, le Premier ministre des Emirats et gouverneur de Dubaï, Mohammed bin Rashid Al Maktoum, était reçu au même moment lundi soir par le président Dmitri Medvedev et mardi par le chef du gouvernement Vladimir Poutine. Aucune déclaration n'a toutefois filtré sur le meurtre du Tchétchène.

Selon le quotidien Kommersant, «l'attentat pourrait être lié à la visite de Mohammed bin Rashid Al Maktoum et aux discussions sur la levée de l'opération antiterroriste» en Tchétchénie déclenchée en 1999 par Moscou.

Une décision du Comité national antiterroriste était attendue sur cette question mardi, mais a finalement été reportée.

Dmitri Medvedev avait demandé vendredi de mettre fin à l'opération dans la république rebelle, estimant que la situation était revenue «à la normale», ce qui donnerait le signal du départ à plus de 20.000 militaires des troupes russes du ministère de l'Intérieur.

Le président tchétchène, cité par Interfax, s'est empressé d'annoncer un feu vert de Moscou : «le Comité antiterroriste national a soutenu cette proposition». Mais un responsable du Comité l'a aussitôt contredit : «la décision n'a pas encore été prise» et doit être «étudiée» par les ministères concernés.