Un sommet au Chili de gouvernants de centre-gauche s'est achevé samedi par l'appel du vice-président américain Joe Biden aux manifestants anti G-20 de «donner une chance» aux gouvernements d'y formuler le cadre d'une croissance plus durable et partagée.

«J'espère qu'ils vont nous donner une chance, (de) leur dire qu'on sortira de ce G-20 avec des propositions et des mesures concrètes, pour des conditions de vie meilleures, non pas déclinantes, à travers le monde pour la prochaine décennie», a déclaré M.Biden à la presse à Vina del Mar (ouest de Santiago).

Le sommet de chefs d'Etats et de gouvernements «progressistes», 6e édition d'un forum initié en 1999 par l'ancien président américain Bill Clinton, se déroulait sur fond de manifestations en Europe qui ont rassemblé samedi des dizaines de milliers de personnes exprimant leurs craintes ou leur hostilité avant le sommet du G-20.

Le forum chilien a entendu les appels de dirigeants du Sud à engager une réforme des institutions multilatérales, en premier lieu financières, en réponse à la crise économique qu'ils perçoivent comme la conséquence d'une «politique de casino».

La réunion, le 2 avril à Londres des 20 plus grands pays riches et émergents (G20), est «perçue comme une excellente opportunité de répondre efficacement à la crise», relève la déclaration finale du sommet.

«Je comprends les actions (manifestations) qui se déroulent, et nous y répondrons au G-20», a déclaré le Premier ministre britannique Gordon Brown, en écho à M.Biden.

La déclaration prend acte de la nécessité discutée par les «progressistes» à Vina del Mar de «donner la priorité aux gens» dans la réponse politique à la crise, «pour qu'une récession économique ne devienne pas une récession sociale».

Les dirigeants de centre-gauche «se rendent à Londres avec un sentiment d'optimisme», a déclaré la présidente hôte Michelle Bachelet, reflétant un consensus à Vina del Mar sur la «redéfinition des règles du jeu» gouvernant l'économie et la finance mondiale.

Le vice-président américain Joe Biden a samedi délivré le message que la nouvelle administration de Barack Obama entendait jouer son rôle pour une telle redéfinition, «un processus qui va commencer au G-20», selon lui.

Pour autant, il a défendu la poursuite «agressive d'un agenda politique national de relance» américaine : les Etats-Unis représentant 25 % du PIB mondial, «si nous ne relançons pas la pompe, on aura tous des problèmes», a-t-il dit.

Il a aussi appelé ses pairs progressistes «à ne pas réagir de façon excessive» à la crise. «Ce n'est pas un choix entre marchés contre gouvernements. Mais il s'agit de protéger le marché des partisans du libre marché», a-t-il résumé.

M.Biden a aussi rappelé à ses homologues de centre-gauche, et à travers eux à la communauté internationale, que si l'administration Obama «pense global» et est à l'écoute, elle attend en retour davantage de solidarité, et d'initiatives.

«Vous n'aurez plus l'excuse de l'ancienne administration (Bush) pour l'inaction. La bonne nouvelle c'est qu'il y a un changement» aux Etats-Unis. «La mauvaise nouvelle pour vous tous, c'est qu'il y a un changement», a-t-il plaisanté.

Joe Biden, interrogé par ailleurs sur Cuba, a écarté la levée d'un embargo économique, mais réaffirmé que l'administration Obama était consciente de la «nécessité d'une transition dans notre politique à l'égard de Cuba».