Les Antilles étaient toujours affectées par la grève mardi malgré une nouvelle avancée en Martinique, où un accord cadre est survenu dans la nuit sur une augmentation de 200 euros des bas salaires.

Après quasiment dix heures d'un énième round de négociations à Fort-de-France, avec plénières, comités restreints et multiples aller-retours pour amender le texte, syndicats et patronat sont tombés d'accord.

Le document final, qui concerne «les salariés du privé disposant de salaires bruts jusqu'à 1,4 Smic», prévoit que «chaque salarié, dans tous les secteurs, reçoive à compter du 1er mars 2009 un montant de 200 euros nets mensuels», a détaillé le préfet de Martinique Ange Mancini.

Il a «félicité toutes les parties pour le travail remarquable accompli» et qualifié l'accord d'«étape importante» même si «ce n'est pas fini». «Il y a, a-t-il dit, une volonté d'aboutir pour l'ensemble des Martiniquais».

Pour autant, comme en Guadeloupe, il ne s'agit que d'une étape vers la sortie de crise. Le collectif martiniquais a déclaré rester «mobilisé jusqu'à l'aboutissement des négociations», appelant de facto à la poursuite du mouvement de grève générale jusqu'à un accord sur les prix.

Le document n'a pas été paraphé par certaines organisations syndicales, absentes ou qui souhaitaient consulter leur base, comme la CGTM et FO, importantes dans le mouvement contre la vie chère.

En Guadeloupe, où le conflit entre dans sa septième semaine, le LKP maintient la pression, malgré l'adoption samedi d'un accord contenant l'essentiel de ses revendications, notamment la plus emblématique, portant sur la hausse de 200 euros des bas salaires.

Le patron du collectif, Elie Domota, avait douché lundi les espoirs d'une suspension immédiate de la grève en annonçant qu'il examinait encore un document actant les points d'accord, notamment la liste des 100 produits susceptibles de bénéficier d'une baisse de prix.

Une fois ce «protocole d'accord» paraphé par le LKP -qui en fait un préalable à la fin du conflit- il devra encore être signé par le préfet.

En attendant, le collectif a commencé à passer d'«entreprise en entreprise», comme il l'avait promis, pour faire signer l'accord salarial sur l'augmentation de 200 euros, conclu avec des organisations patronales minoritaires.

«Ils sont venus à une vingtaine, avec un ou deux délégués du personnel», a raconté Henri Vangout, patron de la Blanchisserie du Soleil (BDS), à Baie-Mahault, l'un des premiers à recevoir lundi la visite du LKP. Mais comme d'autres, il a promis de ne «pas signer sous la pression».

A Paris, la patronne du Medef Laurence Parisot a dénoncé les «intimidations», les «menaces», et les «violences» du LKP, «qui ne pouvaient que perturber et gêner la bonne conduite de la négociation».

Elle a toutefois assuré que le président du Medef Guadeloupe Willy Angèle devrait donner dans la journée son accord pour que toutes les entreprises de l'île appliquent «des bonus spécifiques, des primes de pouvoir d'achat» proches ou équivalentes à 200 euros.

En visite sur le marché de Rungis, en région parisienne, le Premier ministre François Fillon a appelé pour sa part à une fin rapide du conflit, demandant au LKP de respecter l'Etat de droit et au Medef d'accepter l'accord sur une hausse de 200 euros des bas salaires.

«Il ne faut pas que ça dure longtemps parce que l'économie de la Guadeloupe est au bord du gouffre. Il va y avoir de toute façon des dégâts considérables liés à la longueur de ce conflit», a-t-il prédit.