Les 192 Etats membres de l'ONU se sont de nouveau attaqués jeudi au casse-tête de la réforme du Conseil de sécurité, en entamant un processus de négociations inter-gouvernementales pour enfin parvenir à ce but qu'ils poursuivent en vain depuis quinze ans.

A l'initiative du président de l'Assemblée générale Miguel d'Escoto, les pays membres ont tenu une session plénière à huis clos sous la présidence de l'ambassadeur d'Afghanistan, Zahir Tanin, chargé de piloter ce processus qui devrait durer au moins plusieurs mois.Ils se sont mis d'accord pour négocier sur cinq thèmes: les catégories d'appartenance (permanente ou non), la question du veto, la représentation régionale, la taille du futur Conseil élargi et ses méthodes de travail.

Les négociations proprement dites débuteront le 4 mars. Plusieurs sessions suivront en mars et avril, avant une seconde série de négociations en mai, cette fois sur des propositions concrètes, selon M. d'Escoto.

Après 15 ans de discussions stériles sur ce sujet, l'Assemblée générale avait demandé aux Etats le 15 septembre dernier, dans une résolution adoptée par consensus, d'entamer «pas plus tard que le 28 février 2009» des négociations inter-gouvernementales en vue d'un élargissement du Conseil de sécurité.

Cette résolution s'appuyait sur un rapport d'un groupe de «facilitateurs» selon lequel existait au sein des Etats membres un large consensus en faveur d'une réforme du Conseil de sécurité, mais pas sur ses modalités.

Le Conseil, principal organe de décision de l'ONU, compte actuellement 15 membres, dont cinq permanents dotés d'un droit de veto: Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie.

Les dix membres non permanents sont élus chaque année par l'Assemblée générale, par groupes de cinq, pour un mandat de deux ans non immédiatement renouvelable.

Arguant que cette composition, presque inchangée depuis la création des Nations unies en 1945, ne reflète plus l'Etat du monde d'aujourd'hui, de nombreux pays appellent à l'élargir pour y admettre des pays à économie forte et gros donateurs comme le Japon et l'Allemagne, ainsi que de grandes voix du Tiers monde.

En 2005, l'Allemagne, le Brésil, l'Inde et le Japon - le «G4» - avaient tenté en vain de faire passer une réforme créant six nouveaux sièges permanents sans droit de veto (un pour chaque membre du G4 et pour deux pays africains à désigner).

Elle n'avait pas reçu assez de soutiens pour être adoptée, des rivaux régionaux du G4 comme l'Italie, le Pakistan et l'Argentine, notamment, s'y étant opposés. La Chine, grande rivale asiatique du Japon, avait également bloqué cette réforme, reprochant à Tokyo de s'être insuffisamment amendé pour ses exactions avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.

L'ambassadeur de France, Jean-Maurice Ripert, a déclaré que Paris était en faveur de l'adhésion permanente du G4 et de deux pays africains.

Mais «conscient qu'un certain nombre d'Etats s'y opposent», il a indiqué que la Grande-Bretagne et la France souhaitaient sortir de l'impasse en proposant une «réforme intérimaire» dans laquelle serait créée «une catégorie à titre temporaire de membres semi-permanents élus pour un plus long terme», de cinq, six ou huit ans.

Dans ce schéma, une conférence inter-gouvernementale se tiendrait à la fin d'une période intérimaire «pour évaluer l'effet sur le travail du Conseil, son efficacité, sa légitimité» et on déciderait alors «si on transforme ces sièges non permanents en sièges permanents ou pas», a expliqué M. Ripert.