La situation en Guadeloupe, désormais dans sa cinquième semaine d'une grève paralysante contre la vie chère, semblait se détériorer mardi après une nuit de désordres et de violences, alors que le collectif LKP a appelé à accentuer la mobilisation.

Barrages en feu à Pointe-à-Pitre, devantures de magasins éventrées, magasin de fournitures de bateaux incendié et deux voitures retournées dans le quartier populaire du Carénage, véhicule incendié dans la ville balnéaire de Gosier, échauffourées entre groupes de jeunes et police, pompiers caillassés: les Guadeloupéens, privés d'électricité par intermittence dans divers quartiers, ont vécu des scènes d'émeutes dans la nuit de lundi à mardi.

«Je suis dans l'attente et l'angoisse que rien de grave ne se passe», a commenté le procureur de Pointe-à-Pitre Jean-Michel Prêtre, sur Radio Caraïbes International.

Les meneurs de la grève ont affiché leur détermination. Le porte-parole du LKP, Elie Domota, a appelé lundi soir au cours d'un meeting au «renforcement de la mobilisation» dans les jours qui viennent, «jusqu'à la satisfaction de nos légitimes revendications».

Mais les opposants au mouvement ne veulent pas rester inactifs. Dans la journée de mardi, une manifestation silencieuse devait avoir lieu à Pointe-à-Pitre, à l'appel d'un «Comité pour la sauvegarde des libertés» qui proteste contre la paralysie de l'île.

Alors qu'aucune issue au conflit ne se dessine, le président Nicolas Sarkozy recevra jeudi à l'Elysée des élus de tous les départements d'Outre-mer, prenant ainsi sa première initiative directe en presque un mois de crise antillaise.

Selon le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Yves Jégo, la politique du gouvernement n'est «pas d'acheter, comme ce fut tant de fois le cas auparavant, une illusoire paix provisoire».

«Après plus de 25 jours de grève générale en Guadeloupe et 10 jours en Martinique alors que la tension croît, alors que les risques de violences se multiplient, chacun doit admettre qu'il est temps qu'une vie économique normale reprenne son cours», plaide-t-il dans une tribune publiée par Le Figaro.

«Mais ne nous méprenons pas: finir la grève, ce n'est pas en finir avec la crise», qui est à la fois «économique», «structurelle» et «existentielle», ajoute M. Jégo, qui était auditionné mardi matin au Sénat.

Le secrétaire d'Etat à la fonction publique, André Santini, a de son côté estimé que «la fonction publique n'est pas faite pour résorber le chômage», notamment en Guadeloupe où l'Etat ne peut selon lui «aller plus loin» dans les recrutements.

Alors que l'industrie du tourisme est fortement touchée, de nombreux hôtels ayant dû fermer leurs portes ces derniers jours, l'aéroport de Pointe-à-Pitre a été fermé mardi matin, la sécurité ne pouvant être assurée en raison du manque de personnel, notamment des agents de l'inspection des bagages.

L'opposition s'est également emparée du dossier. Une semaine après l'envoi d'une délégation du Parti socialiste aux Antilles et à La Réunion, Olivier Besancenot doit se rendre vendredi en Guadeloupe, puis en Martinique, pour apporter le «soutien» du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à la mobilisation.