Avichay Sharon était soldat d'infanterie de l'armée israélienne au début des années 2000. Il vit aujourd'hui à Jérusalem et y étudie à l'université en philosophie. Il aime son pays, martèle-t-il. «Mais parfois, la vraie amitié demande d'être critique.»

Et critique, l'ex-soldat l'est. Cofondateur des Combattants pour la paix - un groupe qui réunit d'anciens soldats israéliens et d'anciens combattants palestiniens pour une paix durable sans les armes -, le jeune homme a été bouleversé lorsqu'il a «commencé à voir l'ennemi comme une personne qui a sa famille et ses rêves» en côtoyant les Palestiniens. Il était de passage hier à Montréal à l'invitation des Voix juives indépendantes.

 

«Ce qu'on entend est qu'on est soit avec Israël, soit contre Israël. Mais il y a une autre voix qui est de moins en moins entendue.» La voix des Juifs comme lui, dit-il, qui critiquent l'opération armée d'Israël.

Les armes ne régleront rien, dit M. Sharon. Israël doit s'asseoir et négocier avec le Hamas, qu'ils aiment leur interlocuteur ou pas. Négocier avec des terroristes? «On disait la même chose de l'OLP (et Yasser Arafat) et Israël a négocié avec eux.» Il presse les Juifs de reconnaître qu'en occupant les territoires, ils ont des responsabilités. «Je leur dis: j'ai besoin de vous pour faire d'Israël un meilleur endroit où vivre. Mais pas en étant des ''yes men'', mais en ouvrant vos yeux.»

«Ne pensez pas que j'aime le Hamas, dit Avichay Sharon. Je pense qu'il s'agit d'une terrible erreur qu'ont commise les Palestiniens.»

«Ils attaquent mon pays, mes concitoyens. Je n'aime pas ça. Et ils font souffrir leur population par leur fondamentalisme. Mais ce sont les gens qui sont de l'autre côté de la table. Que je les aime ou pas, ce sont les gens avec qui je dois m'entendre.»