Les militaires putschistes affirmant avoir pris le pouvoir en Guinée ont promis mercredi d'«organiser des élections libres fin décembre 2010» et dénoncé la présence dans le pays de «mercenaires venus de pays voisins» à l'appel de généraux loyalistes.

Ce coup de force encore très confus, le soutien des putschistes au sein de l'armée étant difficile à évaluer, inquiète vivement la communauté internationale, qui a condamné cette tentative de coup d'Etat perpétrée mardi, quelques heures après l'annonce de la mort du président Lansana Conté.

Mercredi, marchés, stations-service et grands magasins sont demeurés fermés à Conakry. Seules quelques échoppes ont timidement ouvert, la grande majorité de la population préférant rester chez elle par crainte de violences.

Les putschistes, qui ne se sont pas encore donné de chef en raison de dissensions internes, ont tenté de rassurer l'opinion en fixant un terme à la «transition».

«Peuple de Guinée, la prise du pouvoir par ton armée est un acte de civisme qui répond à la volonté de sauver un peuple en détresse. Fier d'avoir accompli cette mission, le Conseil (junte) n'a aucune ambition de s'éterniser au pouvoir», indique un communiqué lu à la radio nationale.

«Le Conseil s'engage à organiser des élections libres, crédibles et transparentes fin décembre 2010», selon le texte. Le mandat du président Lansana Conté, officiellement décédé lundi soir et dont les funérailles nationales doivent avoir lieu vendredi, s'achevait fin 2010.

Dans le même temps et pour la première fois, ils ont également reconnu les divisions au sein de l'armée, véritable colonne vertébrale du régime Conté.

«Certains officiers généraux continuent à reconnaître la légitimité sans référence constitutionnelle du mandat de l'Assemblée nationale», ont-ils admis dans un communiqué distinct lu par le capitaine Moussa Dadis Camara.

Un tel comportement dénote un manque de respect à l'égard du peuple de Guinée que nous défendons et protégeons inconditionnellement», selon le texte.

Le mandat des parlementaires s'est théoriquement achevé en 2007, les élections législatives n'ayant pas pu se tenir à cette date en raison de la profonde désorganisation du pays.

Selon la Constitution, le président de l'Assemblée nationale devait à la mort du chef de l'Etat assurer provisoirement la gestion du pays avant d'organiser des élections dans les 60 jours.

Dans la nuit de lundi à mardi, le chef d'état-major de l'armée, le général Diarra Camara, était apparu à la télévision aux côtés du chef du gouvernement et du président de l'Assemblée nationale qui annonçaient le décès du «général-président», au pouvoir depuis 24 ans.

Mais selon les putschistes, des militaires loyalistes «envisagent l'intervention de mercenaires venus des pays voisins qui sont déjà à l'intérieur du territoire. Un tel comportement n'est pas digne d'un citoyen responsable et conséquent qui aime sa patrie», conclut le communiqué.

«Ils (les putschistes) sont en train de paniquer, ils savent que leur coup est voué à l'échec», a assuré à l'AFP un responsable politique sous couvert d'anonymat.

«Il n'y a pas de raison de parler de mercenaires en Guinée. Moi, je ne suis ni pro-putsch ni anti-putsch, je souhaite seulement la paix sociale. Je suis pour des élections rapides», a-t-il ajouté.

Ces derniers développements interviennent au moment où une réunion d'urgence du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) consacrée à la situation en Guinée a commencé ses travaux mercredi au siège de l'organisation à Addis Abeba.