L'héritage familial de Caroline Kennedy pourrait être tout à la fois une bénédiction et un handicap, alors que le seul enfant survivant du président américain assassiné John F. Kennedy frappe à la porte du Sénat américain.

Cette femme de 51 ans pourrait être désignée pour reprendre le siège laissé vacant à New York par Hillary Clinton, quand celle-ci sera confirmée comme secrétaire d'Etat du futur président Barack Obama.

Petite fille, Caroline Kennedy, qui allait fêter ses 6 ans lors de l'assassinat de son père en novembre 1963, avait ému le coeur des Américains. Mais depuis son entrée dans la bataille politique, cette avocate et auteur est la cible de critiques acerbes.

Certains lui reprochent d'éviter les médias, la comparant à Sarah Palin, l'ex-candidate républicaine à la vice-présidence des Etats-Unis, interdite de conférence de presse par son parti qui redoutait que n'éclate son manque d'expérience.

«Ils l'ont littéralement Sarah-Palinisée», a lancé le parlementaire démocrate de New York, Gary Ackerman, à la télévision.

La presse lui reproche d'avoir refusé de répondre à des questions lors d'une récente visite de terrain dans le nord-ouest de l'Etat où elle s'est rendue à bord d'une Toyota, alors que les ouvriers locaux travaillent pour les constructeurs nationaux. Elle est également critiquée pour s'être abstenue de voter lors d'un scrutin sur deux depuis 1988.

«Son comportement apporte du grain à moudre à ceux qui disent qu'elle n'est pas assez forte pour remporter une primaire et deux élections générales dans 27 mois», commente Douglas Turner, éditorialiste du Buffalo News.

L'héritière de la dynastie Kennedy, qui s'est dépensée sans compter pour la campagne de Barack Obama, insiste sur ses oeuvres de charité et son travail aux conseils d'administration de plusieurs organisations culturelles et caritatives pour justifier de son engagement dans la vie publique.

Mais on lui reproche d'utiliser sa célébrité et sa famille mythique pour masquer son manque d'expérience politique.

«C'est vraiment présomptueux de sa part, à ce stade de sa vie, de décider de devenir sénatrice des Etats-Unis», a estimé Peter King, représentant républicain de New York, sur la chaîne de télévision Fox News. «Rien dans son expérience ne l'a préparée à cela», ajoute celui qui pourrait être un rival en 2010.

Selon un sondage publié mardi, 41% des électeurs de New York pensent que Caroline Kennedy n'est pas qualifiée pour devenir sénatrice, contre 40% qui pensent le contraire.

Son arrivée au Sénat permettrait au célèbre clan de continuer à exercer son influence sur la politique nationale. Elle occuperait le siège qui avait été celui de son oncle Bob Kennedy quand il s'était lancé dans la course à la Maison Blanche, avant d'être assassiné en juin 1968. Elle siégerait aux côtés de son autre oncle Ted, sénateur du Massachusetts.

«Elle est une de ces personnes qui ont une influence potentielle dès le départ en raison de ses origines», observe Julian Zelizer, professeur d'histoire à l'Université de Princeton.

Quelle que soit la personne choisie par le gouverneur de New York, David Paterson, elle devra siéger jusqu'à la fin du mandat de Mme Clinton, en 2010, avant de refaire campagne pour conserver le poste pour six années supplémentaires. Ce qui implique une solide trésorerie pour financer la campagne électorale et une capacité de réunir des donateurs. A cet égard, appartenir à la dynastie Kennedy est un atout.