L'ex-président et médiateur finlandais Martti Ahtisaari, qui a reçu le prix Nobel de la paix mercredi à Oslo, a affirmé qu'aucun conflit n'était insoluble, pas même au Proche-Orient dont Barack Obama doit, selon lui, faire une priorité.

«Tous les conflits peuvent être résolus et il n'y a aucune excuse pour les laisser s'éterniser», a déclaré M. Ahtisaari dans un discours d'acceptation du Nobel.

Vétéran du travail pour la paix, le diplomate finlandais, 71 ans, a été récompensé pour ses nombreuses médiations pendant trois décennies, notamment dans la province indonésienne d'Aceh, en Namibie et dans les Balkans.

Dans une allusion au changement de locataire de la Maison Blanche, M. Ahtisaari a appelé le président élu Barack Obama à privilégier la recherche d'un accord de paix global au Proche-Orient dès sa prise de fonction.

«J'espère que le nouveau président des Etats-Unis, qui prêtera serment le mois prochain, accordera la priorité au conflit au Proche-Orient pendant la première année de son mandat», a-t-il dit.

Les autres prix Nobel seront remis plus tard mercredi à Stockholm avec, fait rare, le couronnement d'un trio français: Jean-Marie Gustave Le Clézio pour la littérature, et Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi pour la médecine.

Selon M. Ahtisaari, la clé au Proche-Orient réside aussi dans l'implication de l'Union européenne, de la Russie et de l'ONU et passe par un accord global «allant d'Israël et la Palestine à l'Irak et l'Iran».

«Si l'on veut obtenir des résultats durables, nous devons considérer l'ensemble de la région», a-t-il affirmé.

«On ne peut pas continuer, année après année, à simplement prétendre que l'on fait quelque chose pour aider à débloquer la situation au Proche-Orient. Il faut aussi qu'on obtienne des résultats», a-t-il ajouté.

Applaudi par une prestigieuse assemblée debout comprenant la famille royale norvégienne, M. Ahtisaari a récusé l'idée selon laquelle le conflit au Proche-Orient était dû à la religion.

«Les religions elles-mêmes sont pacifiques: elles peuvent aussi être une force constructive pour la paix» dans la région, a-t-il affirmé.

Dans l'Hôtel de ville d'Oslo fleuri de rouge pour l'occasion, le président du comité Nobel Ole Danbolt Mjoes a loué «l'étendue et la portée (...) incroyables» de l'oeuvre de M. Ahtisaari.

Dans un pays qu'il a guidé, lentement mais pacifiquement, vers l'indépendance --le «fait d'armes» dont il est le plus fier--, M. Ahtisaari est surnommé la «sage femme de la Namibie» et de nombreux enfants portent son prénom, a rappelé M. Mjoes.

Le lauréat du Nobel reste cependant sur un échec au Kosovo, où, en tant qu'envoyé spécial de l'ONU, il n'est pas parvenu à obtenir de solution négociée entre Serbes et Kosovars.

Peuplé par une forte majorité albanaise, le Kosovo a finalement unilatéralement proclamé son indépendance de la Serbie en février dernier, au grand dam de Belgrade et de la Russie.

«Personne ne peut résoudre tous les problèmes de la planète. Parfois, les protagonistes sont trop éloignés les uns des autres», a estimé M. Mjoes. «Dans ces cas-là, on doit se réjouir que le problème fasse ne serait-ce que quelques pas en direction d'une solution».

Evoquant la crise financière, M. Ahtisaari a estimé que les inégalités étaient un facteur de conflit et a invité la communauté internationale à ne pas relâcher ses efforts au profit des pays pauvres.

«Les effets de cette crise pourraient s'avérer être un nouveau revers majeur pour les pays en développement. Les plus démunis sont déjà les plus touchés par le changement climatique, la hausse du prix des denrées alimentaires et le recul du commerce international», a-t-il dit.

Le prix Nobel consiste en une médaille, un diplôme et un chèque de près d'un million d'euros.