À Hawaii, État où il est né le 4 août 1961, le candidat démocrate à la présidence américaine, Barack Obama, suscite la fierté. Et davantage encore - quoique avec discrétion - à l'école Punahou où il a obtenu son diplôme d'études secondaires. La Presse y a rencontré un ami et un enseignant qui l'ont côtoyé durant quelques années. Et qui n'ont que de bons mots à en dire.

Il est 14h30. C'est la fin des classes à l'école Punahou. Des centaines de jeunes sortent sans se presser. Certains s'assoient par terre, en groupes, un ordinateur sur les genoux. D'autres vont rejoindre leurs parents qui les attendent dans des voitures climatisés ou jouent au ballon dans la cour.

 

En ce mercredi 1er octobre, Honolulu cuit sous un soleil de plomb. Le vent, qui dégringole des collines derrière l'école, s'échine à rafraîchir l'air sans trop y parvenir.

À deux pas de la porte de sa classe, le professeur Alan Lum ramasse des feuilles avec un râteau. Il porte une traditionnelle chemise hawaïenne aux motifs bleus et verts. Pantalon de velours côtelé. Espadrilles aux pieds. Carrure d'athlète. L'homme a la quarantaine solide. Un peu comme Barack Obama, un de ses coéquipiers de basketball dans les années 1970.

Punahou est une école privée cossue. Elle accueille les enfants de la maternelle à la fin des études secondaires. L'actuel candidat démocrate à la présidence américaine y a étudié de la cinquième année du primaire jusqu'à l'obtention de son diplôme d'études secondaires, en 1979. Une période marquée par son intérêt indéfectible pour le basketball.

«Il jouait continuellement, se remémore Lum qui enseigne depuis 23 ans à Punahou après y avoir étudié durant 13 ans. Il adorait cela et jouait à toutes les fois qu'il en avait la chance.»

Il était en huitième année lorsqu'il a rencontré Obama, étudiant de neuvième année. «Nous faisions partie de l'équipe intermédiaire de basket, dit-il. Les leaders de l'équipe, c'étaient les 9e année, dont lui. Nous n'étions pas les amis les plus proches, mais je me souviens de ses qualités: initiative, persévérance, courage.»

Les deux faisaient partie de l'équipe qui, en 1979, a remporté le championnat de basketball étudiant de l'État.

Bonjour, monsieur Kus!

Déjà à sa 35e année d'enseignement, Eric Kusunoki se souvient d'un grand gaillard alerte, souriant et qui s'entendait avec tout le monde.

«Lorsque Barack entrait dans la classe le matin, il me saluait d'un «Bonjour M. Kus!» dit-il. Il était courtois, positif, respectueux. Il n'appartenait à aucune clique.»

Professeur de dactylographie à l'époque, M. Kusunoki avait aussi la responsabilité d'encadrer un groupe de jeunes qu'il rencontrait chaque matin pour régler l'intendance ou pour qui il pouvait être une personne ressource. Barack Obama a fait partie de son groupe durant quatre ans.

«Sa force résidait dans ses écrits, ses exposés oraux et ses lectures», dit M. Kusunoki.

Retrouvailles sur un court de basket

Originaire d'Honolulu, Obama revient régulièrement à Hawaii.

Cet été, après avoir été désigné candidat démocrate à la présidentielle, il y a pris une semaine de vacances en compagnie de son épouse Michelle et de leurs deux enfants. Il a fait du surf, participé à un cocktail de financement et est retourné à Punahou pour une partie de basket avec ses anciens copains.

Les yeux d'Alan Lum pétillent lorsqu'il raconte ce moment. «Des 12 membres de notre équipe de 1979, nous étions sept sur le court. Certains gars n'étaient pas dans la meilleure forme ou avaient des problèmes de genoux. Un des amis n'avait même pas de souliers de basket. Mais nous avions tous envie de passer un moment avec lui. Je n'avais pas eu la chance de partager un long moment avec lui depuis 30 ans, mais ces retrouvailles étaient comme si c'était hier.»

«Il m'a salué, m'a demandé si j'enseignais et si je coachais toujours», ajoute Eric Kusunoki.

Les deux hommes savourent ce moment avec fierté. Sont-ils surpris de voir Barack Obama là où il est?

Alan Lum dit ne pas être surpris, même s'il qualifie la situation de surréaliste, stupéfiante. «Ce qui lui arrive est extraordinaire, tant pour lui que pour Hawaii et Punahou», dit-il.

«Je savais qu'il réussirait, dit Eric Kusunoki. Il était intelligent, éloquent, avec de belles qualités humaines. Mais jamais on ne pense qu'un élève sera un futur président. Même si on leur souhaite...»

- Avez vous un autre président dans une de vos classes?

- On se sait jamais! lance l'enseignant en éclatant de rire.