L'ancien président finlandais Martti Ahtisaari, prix Nobel de la paix 2008, a mené avec succès de nombreuses et difficiles missions de paix en Europe, en Afrique ou en Asie, sans toutefois parvenir à une solution négociée sur le Kosovo.

À 71 ans, ce «médiateur exceptionnel», selon le Comité Nobel norvégien, peut se targuer d'avoir contribué à éteindre des conflits très anciens et apparemment inextricables aux quatre coins de la planète.

Mais le dossier kosovar reste un échec cuisant pour cet infatigable soldat de la paix qui avait cru pouvoir rapprocher Serbes et Albanais du Kosovo et surmonter les affres du conflit de 1998-1999.

Fin 2005, il est chargé par le Conseil de sécurité des Nations unies de superviser les pourparlers entre Serbes et Kosovars sur le futur statut de la province serbe.

Accusé de partialité par Belgrade où la presse le caricature en Hitler, il se heurte aux résistances de Moscou et de Pékin, aux tergiversations des Occidentaux, à l'inertie de la diplomatie onusienne.

En mars 2007, il met fin aux discussions, recommande l'indépendance et rend son tablier. Les dernières négociations, menées sans lui, échouent, et le Kosovo déclare unilatéralement son indépendance le 17 février 2008.

Ahtisaari n'aura pas su faire plier les Serbes deux fois: en 1999, c'est lui, déjà, qui est envoyé à Belgrade avec l'ancien Premier ministre russe Viktor Tchernomyrdine pour convaincre --avec succès-- le président yougoslave Slobodan Milosevic de mettre fin à ses opérations militaires au Kosovo contre la guérilla séparatiste albanaise, en échange de l'arrêt des bombardements de l'Otan.

«J'ai réalisé plus tard qu'à Belgrade, mon rôle a été un peu identique à celui du pasteur qui dirige les classes avant la confirmation», confiera M. Ahtisaari au journal Le Monde.

Il appliquera la même méthode dans les pourparlers entre le gouvernement indonésien et les séparatistes du Mouvement Aceh Libre (GAM), en guerre depuis 1976, entamés en janvier 2005 à Helsinki. Six mois plus tard, la paix est signée.

Les deux parties témoigneront de la fermeté de l'homme pendant les pourparlers, mais aussi de son humour et de sa chaleur une fois les dossiers refermés.

En public, ce provincial dissimulé derrière d'épaisses lunettes, parfois gaussé pour sa démarche claudiquante due à des problèmes de hanche, se fend rarement d'un sourire mais ne manque jamais un bon mot cinglant à l'égard des journalistes.

Coïncidence ou prédestination, son engagement fait écho à sa propre histoire.

Né le 23 juin 1937 à Viipuri (aujourd'hui Vyborg en Russie), il connaît le sort de tous les réfugiés lorsque ses parents sont évacués de la province finlandaise de Carélie annexée au sortir de la Seconde guerre mondiale par l'Union soviétique.

Enseignant de formation, il devient diplomate en 1965. Il passera désormais le plus clair de son temps à l'étranger. Et c'est plus précisément sur le continent noir qu'il fait ses classes.

Ambassadeur en Tanzanie de 1973 à 1976, il est nommé Commissaire des Nations unies pour la Namibie en 1977 puis représentant spécial du secrétaire général pour ce pays qu'il accompagnera à l'indépendance en 1990 à la tête d'une mission onusienne.

En 1994, il devient le premier président finlandais élu au suffrage universel. Un an plus tard, la finlande adhère à l'Union européenne. Mais il ne se représente pas. La politique finlandaise fut «une aventure extra-conjugale», dira-t-il.

Polyglotte (outre le finnois il parle le suédois, le français, l'anglais et l'allemand), passionné de golf, il est marié à Eeva avec qui il a eu un fils, Marko.