Inexpérience. Le mot est sur beaucoup de lèvres depuis la nomination surprise de Sarah Palin. L'Alaskienne de 44 ans n'a pas encore deux ans de service comme gouverneure. Mais sa soeur, Heather Bruce, croit qu'il faut regarder sous l'eau pour voir l'iceberg de l'expérience de sa cadette.

«Je pense que toutes les étapes de la vie de Sarah l'ont préparée à ce qui lui arrive aujourd'hui. Ce n'est pas un parcours traditionnel pour Washington, mais il est tout aussi valable », explique, pensive, l'aînée de la famille Heath, rencontrée dans sa maison cossue d'Anchorage.

Copie de sa cadette, en blond, Heather Bruce s'attendrit quand elle se remémore l'enfance de la candidate à la vice-présidence américaine. Elle se souvient de Sarah à 11 ans, qui lisait religieusement le journal, couchée par terre. De la première de classe qui ne se vantait jamais de ses bons résultats. De la sportive ultracompétitive qui trimait sur les courts de basketball. De l'adolescente, qui, dès ses 13 ans, avait des boulots d'été, dans les champs de fraises, les restaurants de fast-food ou une conserverie de saumon.

Elle parle de l'homme que Sarah a choisi pour partager sa vie, Todd Palin, le champion de motoneige qui vit une semaine sur deux loin de la maison et de ses cinq enfants quand il travaille pour la compagnie pétrolière BP et qui est un papa à temps plein le reste du temps. «Même soudés, ils sont très indépendants l'un de l'autre », remarque-t-elle.

Heather Bruce parle aussi du bourreau de travail qu'est sa soeur depuis qu'elle est en politique. Quand elle a eu son quatrième enfant, sa fille Piper, elle est revenue à la mairie de Wasilla après à peine trois semaines de congé de maternité. Piper passait la journée sous son bureau dans un siège d'auto.

Répondant à une autre critique dirigée contre sa soeur, Heather Bruce convient que Sarah Palin a bien peu voyagé. Elle a eu son premier passeport en 2007. Comme la plupart des familles de l'Alaska, quand les Heath avaient un peu d'argent, ils l'utilisaient pour visiter de la famille dans le Lower 48 (les 48 États américains du Sud), pas pour courir l'Europe ou le Moyen-Orient. «Mais nos parents nous exposaient à toutes sortes de milieux, toutes sortes de gens. Sarah peut s'adapter à tout. » Même, ajoute-t-elle, à la Maison-Blanche.