La Russie a signé mercredi des accords qui lui permettront d'installer des bases militaires en Abkhazie et Ossétie du Sud et d'intégrer leur économie à la sienne, ce que Tbilissi a aussitôt dénoncé comme une «annexion» de ses territoires séparatistes.

Le président russe Dmitri Medvedev a signé ces accords lors d'une cérémonie en grande pompe au Kremlin, trois semaines seulement après avoir reconnu l'indépendance de l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud.

«C'est sans aucun doute un événement historique», a-t-il déclaré au côté des présidents sud-ossète Edouard Kokoïty et abkhaze Sergueï Bagapch.

En vertu de ces accords de coopération et d'assistance mutuelle, la Russie va notamment défendre les frontières des deux régions séparatistes avec le reste de la Géorgie.

Moscou va aussi unifier ses réseaux énergétiques, de télécommunications et de transport avec ceux de l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, régions adjacentes à la Russie, sur sa frontière sud.

Le secrétaire du Conseil de sécurité géorgien, Alexander Lomaïa, a aussitôt accusé la Russie d'«annexer de facto» ces territoires. «C'est une grosse violation des principes fondamentaux des lois internationales», a-t-il dit à l'AFP.

Les États-Unis, proche alliés de Tbilissi, ont aussi dénoncé la signature de ces accords qui contredisent l'intégrité territoriale de la Géorgie.

«Notre soutien à l'intégrité territoriale de la Géorgie reste le même», a déclaré un porte-parole de la Maison-Blanche, Gordon Johndroe. «Nous attendons de la Russie qu'elle respecte les engagements qu'elle a acceptés dans l'accord de cessez-le-feu» avec la Géorgie, a-t-il ajouté.

Les Occidentaux critiquent notamment l'intention de Moscou de maintenir 3.800 hommes dans chacune des deux républiques séparatistes, qui constitueront ainsi des zones tampons avec le reste de la Géorgie alors que Tbilissi ambitionne toujours d'entrer dans l'OTAN.

«Personne ne doit avoir de doutes sur le fait que nous n'admettrons aucune nouvelle aventure militaire», a répliqué M. Medvedev en allusion à l'offensive géorgienne dans la nuit du 7 au 8 août pour tenter de reprendre le contrôle de l'Ossétie du Sud.

Dans cette optique, «chacune des parties donnera à l'autre le droit de construire, d'utiliser et de perfectionner l'infrastructure militaire et les bases militaires sur son territoire», précisent les deux accords signés.

Pour nombre d'observateurs, la Russie a avant tout cherché, en reconnaissant les deux territoires, à donner une base légale à sa présence militaire sur place.

«La rapidité de la décision a été dictée par des raisons militaires. Les militaires (russes) avaient besoin de bases, d'un port, de tunnels», commente un diplomate européen sous couvert de l'anonymat.

En outre, les citoyens d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie, déjà nombreux à posséder des passeports russes, pourront bénéficier de la double nationalité, sud-ossète ou abkhaze et russe.

La diplomatie russe a par ailleurs protesté mercredi contre la visite d'une délégation de l'OTAN en Géorgie, estimant qu'elle reflétait «l'époque de la guerre froide» et «ne contribuait pas aux intérêts de la stabilisation de la situation dans la région».

Le secrétaire général de l'OTAN a affirmé mardi à Tbilissi que la porte de l'Alliance restait «grande ouverte» pour la Géorgie, n'en déplaise à Moscou, et visité une caserne endommagée et pillée lors du passage de soldats russes à Gori.