L'ambassadeur russe auprès de l'OTAN, Dmitri Rogozine, a affirmé mercredi que la présence de 7600 soldats russes en Abkhazie et en Ossétie du sud ne contrevenait pas aux accords avec l'UE sur le retrait de l'armée russe sur ses positions d'avant le conflit géorgien.

«Cela ne contredit pas l'accord de cessez-le-feu signé en août», a assuré M. Rogozine.

En effet, a assuré l'ambassadeur, «ces 7600 soldats - 3800 en Abkhazie et le même nombre en Ossétie du sud-- sont déployés à l'invitation de leurs deux gouvernements» et le président français Nicolas Sarkozy, qui a négocié au nom de l'UE, «était informé de ces plans».

Dans une interview lundi au Financial Times, le secrétaire général de l'OTAN Jaap de Hoop Scheffer avait jugé qu'il n'était «pas acceptable» que la Russie maintienne des troupes en Ossétie du Sud et en Abkhazie.

«Nous avons retiré toutes nos troupes comme convenu dans le document» en six points du 12 août, et son article 5 prévoyant que les soldats russes retourneraient à leur point de départ a «été pleinement appliqué», a rétorqué M. Rogozine.

«Nous avons ensuite renvoyé des forces à la demande» de deux territoires sécessionnistes géorgiens, dont Moscou a entre temps (le 26 août) reconnu l'indépendance malgré les protestations de l'UE et de l'OTAN, a-t-il expliqué.

Regrettant la tenue lundi et mardi à Tbilissi de la réunion inaugurale d'une nouvelle commission OTAN-Géorgie, en dépit des appels de Moscou à «au moins la reporter», M. Rogozine a accusé l'OTAN de réarmer la Géorgie.

Une délégation envoyée la semaine dernière dans ce pays par l'OTAN a examiné «la restructuration du potentiel militaire de la Géorgie», qui sera «abordée dans son rapport préliminaire» puis «transmise aux ministres de la Défense» de l'alliance occidentale, a souligné M. Rogozine.

Ainsi, «l'OTAN agit comme le parrain militaire d'une nouvelle agression» de la part du régime du président géorgien Mikheïl Saakachvili, que M. Rogozine a qualifié d'«imprévisible».

L'ambassadeur russe a par ailleurs dénoncé comme sans fondement un article paru mardi dans le New York Times, qui cite un extrait de conversation entre deux militaires russes le 7 août.

L'enregistrement effectué par les services de renseignement géorgiens tendrait à prouver que c'est Moscou qui a déclenché les hostilités en envoyant des chars en Ossétie du sud et que M. Saakachvili n'a fait qu'y répondre le soir même en ordonnant à l'armée géorgienne d'intervenir.

M. Rogozine a estimé que le département d'État américain avait «utilisé l'enregistrement de conversations qui n'ont jamais existé pour pousser la Géorgie à attaquer le 7 septembre», une «provocation monstrueuse» selon lui.

Il a mis au défi les États-Unis, «avec tous leurs moyens satellitaires et de renseignement», de démontrer que l'armée russe avait fait passer des chars dans le tunnel de Roki qui sépare son territoire de celui de l'Ossétie du Sud avant l'attaque géorgienne.