Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a exprimé mercredi ses regrets pour les civils tués lors de frappes aériennes de la coalition emmenée par les États-Unis en Afghanistan où de nouveaux renforts américains seront probablement déployés l'an prochain.

«Je veux faire part de mes sincères condoléances et, à titre personnel, de mes regrets pour la mort récente d'innocents dans des frappes aériennes de la coalition,» a déclaré M. Gates à la presse à l'issue d'entretiens avec le président Hamid Karzaï.

La coalition Operation Enduring Freedom, commandée par les États-Unis et composée presque essentiellement de militaires américains, a de plus en plus recours aux bombardements d'appui aux troupes au sol afin de minimiser ses propres pertes.

Plus de 210 soldats étrangers ont été tués cette année, dont quatre soldats américains victimes mercredi d'un engin piégé dans l'est du pays.

Mais le nombre de victimes civiles des bombardements est également en nette augmentation.

Dans ce qui pourrait s'avérer être la pire «bavure» depuis le début de l'intervention américaine en 2001, le gouvernement afghan, ainsi que l'ONU, ont affirmé que 90 civils, dont de nombreuses femmes et enfants, ont péri fin août dans le bombardement d'un village dans l'ouest du pays.

Les forces américaines affirment pour leur part que 30 à 35 talibans ont été tués dans cette opération, ainsi que «cinq à sept civils».

L'incident a provoqué la colère du gouvernement afghan qui a évoqué le besoin de revoir les règles régissant le recours à la force par la coalition.

«Les forces militaires américaines font tout leur possible pour éviter des victimes civiles», a affirmé M. Gates.

Mais «il est clair qu'il nous faudra travailler encore plus dur pour cela», a-t-il ajouté.

Les forces américaines ont rouvert une enquête sur le bombardement du village d'Azizabad le 22 août à la lumière de séquences vidéos, réalisées par des habitants sur leurs téléphones portables, qui montrent un grand nombre de victimes.

À l'issue de ses entretiens à Kaboul, M. Gates s'est rendu sur la base militaire de Bagram, au nord de la capitale, pour y discuter de l'appui tactique au sol, ainsi que des moyens de surveillance et de renseignement pour détecter la présence d'insurgés, notamment à la frontière pakistanaise.

Selon M. Gates, la montée de la violence résulte du fait que les insurgés disposent de bases de refuge au Pakistan voisin.

Interrogé sur l'intensification des frappes américaines sur les zones tribales du Pakistan, M. Gates a promis de collaborer avec les autorités pakistanaises pour régler le problème des bases arrières des talibans.

«Je pense que les États-Unis vont oeuvrer avec le gouvernement pakistanais pour s'assurer que ceux qui cherchent refuge dans ces zones du côté pakistanais de la frontière ne puissent plus le faire impunément», a-t-il déclaré.

Il s'est également dit encouragé par les récentes opérations militaires menées de leur côté de la frontière par les forces pakistanaises.

Dans le même temps, le chef d'état-major américain, l'amiral Michael Mullen, s'entretenait à Islamabad avec son homologue pakistanais de la situation à la frontière.

Concernant l'envoi de renforts militaires dans le pays, M. Gates a affirmé que «en plus des forces que nos partenaires internationaux ont accepté d'envoyer, nous allons envoyer des forces supplémentaires en 2009».

«Je m'attends à ce que celles-ci répondent aux besoins réclamés par le commandement pour 2009», a-t-il déclaré.

La veille, le général américain commandant en Afghanistan, David McKiernan, avait estimé nécessaire l'envoi de 10 000 à 20 000 hommes supplémentaires, en plus des 4500 que le président George W. Bush a déjà décidé d'expédier début 2009.

Ceci pourrait porter le nombre de soldats américains dans le pays à 50 000.