Le conducteur du train de banlieue impliqué dans la catastrophe de vendredi près de Los Angeles a brûlé un feu rouge et les mesures de sécurité existantes n'ont pu interrompre l'engrenage fatal, selon les premiers éléments de l'enquête disponibles lundi.

Alors qu'une chaîne de télévision locale a affirmé que le conducteur pourrait avoir envoyé un message sur son téléphone portable une minute avant le choc, la famille de l'une des victimes décédées a entamé la première démarche d'une procédure de plainte au civil contre la société Metrolink.

Metrolink, qui gère le réseau de banlieue sud-californien, est opérée par la société française Veolia Transports. En cas de mise en évidence d'une responsabilité de l'entreprise, celle-ci risquerait de se retrouver fragilisée face à des poursuites devant des tribunaux californiens.

Le bilan de la collision frontale entre le train et un convoi de marchandises de l'Union Pacific, vendredi à Chatsworth (50 km au nord-ouest de Los Angeles), s'établit à 25 morts et 134 blessés dont une quarantaine dans un état critique, le pire accident de train aux États-Unis depuis au moins 15 ans.

Selon une membre du Bureau américain de la sécurité du transport (NTSB), des enregistrements audio récupérés dans une des «boîtes noires» du convoi Metrolink ont montré que le conducteur n'avait pas respecté un feu rouge.

Son convoi transportant 222 personnes s'était engagé dans une voie alors qu'un train de marchandises de l'Union Pacific arrivait en face. Les deux trains sont entrés en collision alors qu'ils roulaient chacun à environ 60 km/h.

«Ce que nous savons maintenant, c'est que le feu était rouge et que le train Metrolink l'a passé, il n'a pas respecté le feu rouge», a déclaré Kitty Higgins, du NTSB, une agence fédérale qui a pris les rênes de l'enquête et va essayer de déterminer les responsabilités de la catastrophe.

Selon Mme Higgins, «lorsque (le train) n'a pas respecté le feu, l'ordinateur (surveillant le trafic) a estimé logiquement qu'il s'agissait du convoi Union Pacific qui occupait la voie, et le temps que le contrôleur du trafic comprenne qu'une anomalie se produisait, l'accident avait déjà eu lieu».

Le NTSB a également indiqué enquêter sur des affirmations selon lesquelles le conducteur était en train d'envoyer un message sur son téléphone quand l'accident s'est produit, rapportées par la chaîne de télévision locale CBS2.

Cette dernière a cité un adolescent de 15 ans, censé avoir échangé des messages instantanés sur son portable avec le conducteur jusqu'à une minute avant l'accident.

«Nous récupérerons les relevés de leurs téléphones portables», a affirmé Mme Higgins. Mais le NTSB a aussi affirmé qu'il lui faudrait jusqu'à un an avant de rendre son rapport définitif.

Dès samedi, une porte-parole de Metrolink avait affirmé qu'une erreur humaine de son conducteur était à l'origine de l'accident.

Mais lundi, le président du conseil d'administration de Metrolink, Ron Roberts, a assuré que ces déclarations étaient «prématurées», tandis que la porte-parole en question, Denise Tyrell, a démissionné.

«Un (membre du) personnel de Metrolink a effectué des déclarations récemment sur la cause possible de la tragédie du 12 septembre à Chatsworth. Le NTSB a qualifié ces commentaires de prématurés et a demandé à Metrolink de ne pas s'exprimer davantage, dans l'attente des résultats de l'enquête, et nous sommes d'accord», a déclaré M. Roberts dans un communiqué.

La circulation des trains a été rétablie lundi matin sur une partie de la ligne de banlieue affectée par l'accident, et le maire de Los Angeles Antonio Villaraigosa est symboliquement monté dans la première rame entre Chatsworth et la gare centrale de Los Angeles, pour rassurer les usagers sur leur sécurité.