Les Européens ont donné lundi leur feu vert à l'envoi de 200 observateurs en Géorgie d'ici le 1er octobre, mais sont critiqués pour ne pas avoir obtenu de Moscou de pouvoir les déployer dans les régions séparatistes géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud.

Les ministres européens des Affaires étrangères, réunis à Bruxelles, ont adopté sans discussion «l'action commune» et le «concept d'opération» qui constituent la base juridique du déploiement de cette mission.

Les 200 observateurs de l'UE doivent se déployer dans les zones adjacentes à l'Abkhazie et d'Ossétie du Sud d'ici le 1er octobre, afin de garantir le retrait des troupes russes de ces zones «tampon» pour le 10 octobre, conformément à l'accord du 8 septembre entre le président français Nicolas Sarkozy - président en exercice de l'UE- et le président russe Dmitri Medvedev.

Les Européens - qui ont aussi annoncé 500 millions d'euros d'aide à la reconstruction en Géorgie d'ici 2010 - espèrent que les observateurs pourront dans un deuxième temps entrer en Abkhazie et Ossétie du Sud.

Mais le premier ministre russe Vladimir Poutine a répété, dans une interview samedi au Figaro, qu'un tel déploiement était conditionné à l'accord des autorités de ces deux régions. Or seule Moscou, qui a reconnu le 26 août l'indépendance de ces deux républiques sécessionnistes géorgiennes, accorde une légitimité à ces autorités.

Le premier engagement pris par l'UE «est de déployer début octobre 200 observateurs pour obtenir le retrait des troupes russes» des zones tampon, a confirmé le diplomate en chef de l'UE Javier Solana à son arrivée à la réunion des ministres.

«Nous sommes prêts et disposés à aller au-delà de cet engagement et dans d'autres endroits, mais nous devons attendre de voir comment les choses évoluent sur le terrain», a-t-il reconnu.

Tout «dépendra des discussions qui auront lieu à Genève» sur la stabilité de ces deux territoires, a indiqué pour sa part le secrétaire d'État allemand aux Affaires européennes Günter Gloser. L'accord du 8 septembre prévoit que des négociations internationales sur la sécurité de l'Abkhazie et de la Géorgie démarreront le 15 octobre à Genève.

Pour aller dans ces deux régions, «il faut l'accord de toutes les parties impliquées», a fait valoir le ministre italien Franco Frattini. «Nous ne pouvons pas être des troupes d'occupation», a-t-il ajouté.

Cette incertitude autour du champ d'action de la mission européenne, qui paraît conforter la mainmise de Moscou sur les régions séparatistes, suscite de nombreuses critiques.

Dans une interview lundi au Financial Times, le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, a jugé «pas acceptable» le maintien de troupes russes en Abkhazie et Ossétie du Sud, que n'exclut pas l'accord du 8 septembre.

Ce dernier contredit, selon lui, l'accord de cessez-le-feu négocié le 12 août par Nicolas Sarkozy, qui prévoyait un retour des troupes russes à leurs positions antérieures au conflit géorgien.

Si la ministre autrichienne Ursula Plassnik a estimé que «ce n'est pas le rôle» du secrétaire général de l'OTAN de critiquer l'UE de la sorte, le ministre belge Karel de Gucht a lui aussi exprimé des doutes sur la mission européenne dans une interview samedi.

«Si les Européens ne peuvent se déployer que dans la zone de sécurité», «au fond, nous allons devoir protéger des frontières que nous n'avons pas reconnues», avait indiqué le ministre belge.

Il a ajouté que la Belgique allait probablement attendre quelques mois pour contribuer à la mission européenne, le temps de voir où elle pourrait se déployer.

Les principaux pays contributeurs à cette mission devraient être la France, avec 70 personnes, l'Allemagne (40), l'Italie et la Pologne (30), selon des diplomates.