Une tentative de raid héliporté de la coalition dirigée par les États-Unis en Afghanistan a été repoussée dimanche par des tirs dans le nord-ouest du Pakistan, où les combattants islamistes d'Al-Qaeda sont très actifs, ont affirmé lundi des responsables locaux.

Alors que ces responsables ont assuré qu'il s'agissait de tirs des forces pakistanaises, l'armée, qui a averti Washington qu'elle ne laisserait plus ses troupes violer le territoire pakistanais, a démenti un quelconque incident.

«Les troupes de la coalition dirigée par les États-Unis se sont approchées de la frontière en hélicoptère et (ont tenté) d'entrer au Pakistan mais des tirs des troupes pakistanaises les ont forcées à se replier», a assuré à l'AFP un haut responsable des forces locales de sécurité, sous couvert de l'anonymat.

Un autre haut responsable local a confirmé ces informations.

Selon ces sources, ces hélicoptères se seraient approchés à une centaine de mètres de la frontière et les tirs «de sommation» ont éclaté depuis le district tribal pakistanais du Waziristan du Sud, et où Washington tire régulièrement des missiles visant des combattants d'Al-Qaeda.

«Nous avons vérifié, il y a un poste des garde-frontières dans cette zone, aucun incident de ce genre n'est survenu», a cependant assuré à l'AFP le porte-parole de l'armée, le général Athar Abbas.

«Ces informations sont fausses, aucun hélicoptère n'a pénétré de notre côté de la frontière, aucun de nos soldats n'a tiré sur personne», a-t-il ajouté.

Ce nouvel incident, s'il est un jour confirmé que les troupes de la coalition ont bien tenté de pénétrer en territoire pakistanais, intervient alors que la tension monte entre Washington et Islamabad, pourtant son allié dans sa «guerre contre le terrorisme».

Les États-Unis ont menacé la semaine dernière de multiplier les opérations militaires dans les zones tribales pakistanaises frontalières de l'Afghanistan, et le chef de l'armée pakistanaise a juré de s'y opposer «à n'importe quel prix».

À l'aube du 3 septembre, des commandos américains héliportés depuis l'Afghanistan avaient attaqué un village pakistanais, tuant, selon Islamabad, 15 civils, dont des femmes et des enfants. Washington n'a jamais commenté cette attaque, mais ne l'a pas démentie non plus.

La semaine dernière également, des avions américains sans pilote drone ont tiré à quatre reprises des missiles dans le nord-ouest du Pakistan, qui ont fait au moins 38 morts, dont des civils, selon Islamabad.

Mercredi, le chef de l'état-major de l'armée américaine, l'amiral Michael Mullen, avait annoncé une nouvelle stratégie militaire prenant en compte «les deux côtés de la frontière».

Son homologue pakistanais, le général Ashfaq Kayani, avait aussitôt rétorqué que son armée empêcherait «à n'importe quel prix» que des armées étrangères violent à nouveau «l'intégrité du territoire pakistanais».

Washington estime que l'armée pakistanaise ne fournit pas assez d'efforts dans le cadre de sa «guerre contre le terrorisme».

De son côté, le Pakistan, seule puissance nucléaire militaire du monde musulman, estime avoir déjà payé un lourd tribut, avec plus d'un millier de soldats tués dans les zones tribales depuis 2002 et, plus de 1200 morts dans une campagne sans précédent d'attentats suicide depuis plus d'un an.