Le président zimbabwéen Robert Mugabe et le leader de l'opposition Morgan Tsvangirai doivent signer lundi à Harare un accord sur le partage du pouvoir mettant fin à six mois d'un duel acharné entre les deux hommes, mais qui suscite encore la réserve des capitales occidentales.

Des dirigeants africains doivent assister à cette cérémonie officielle au cours de laquelle les deux rivaux politiques de longue date doivent sceller leur accord. En apposant leur signature sur le document, ils devraient ainsi marquer la fin d'âpres négociations que leur intransigeance a souvent conduites au bord de l'échec.

Le président sud-africain Thabo Mbeki, médiateur de l'Afrique australe dans la crise, a annoncé jeudi soir «un accord» qu'il a qualifié d'«historique» sur tous les points de discussions» entre MM. Mugabe, 84 ans - dont 28 au pouvoir - et Tsvangirai, 56 ans.

Son contenu, qui doit être dévoilé intégralement lundi, a suscité un vif intérêt car l'aide internationale massive désespérément attendue par le pays englué dans un marasme économique sans fond, dépendra des engagements pris par les dirigeants zimbabwéens.

De nombreux Zimbabwéens, associations d'aide, groupes de défense des droits de l'Homme mais aussi des capitales étrangères ont émis des réserves sur cet accord, qui selon une source proche des pourparlers, conduirait MM. Mugabe et Tsvangirai à diriger conjointement les efforts pour sortir leur pays du chaos économique.

Cet accord doit marquer la fin de la grave crise politique née de la défaite du parti au pouvoir aux élections générales du 29 mars et qui a été marquée par un déchaînement de violences: le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) avançant les chiffres de plus de 86 morts dans ses rangs, plus de 10 000 blessés et 200 000 déplacés.

A la veille de la signature, la presse gouvernementale a rapporté que les deux dirigeants s'étaient rencontrés samedi et s'étaient mis d'accord sur la composition du nouveau gouvernement comprenant 31 ministres.

M. Mugabe dirigerait le gouvernement et M. Tsvangirai prendrait le contrôle des organes de sécurité, à savoir l'armée et la police, piliers du régime Mugabe.

Les Zimbabwéens, prudents à l'annonce de l'accord, préférent, eux, attendre de voir si sa portée améliorera leurs conditions de vie face à une inflation estimée à 11,3 million pc, des pénuries alimentaires et un chômage galopant.

De nombreuses capitales occidentales comme Washington, Londres -ancienne puissance coloniale- et l'Union européenne (UE) ont, elles aussi, accueilli cet accord avec prudence.

L'UE a salué «ce pas important» mais attend d'en savoir plus sur son contenu pour réexaminer éventuellement ses sanctions.

Londres a réagi prudemment, le secrétaire au Foreign Office, David Miliband affirmant dans un communiqué que «le peuple zimbabwéen mérite un accord démocratique durable qui apporte les réformes, la reprise économique et la stabilité».

Le Premier ministre kényan Raila Odinga s'est, pour sa part, félicité de cette annonce.

Le président de la Commission africaine, Jean Ping, a salué l'accord de partage du pouvoir au Zimbabwe, et exhorté «la communauté internationale dans son ensemble à tout faire pour soutenir l'application de cet accord et à fournir toute l'aide nécessaire à cet effet».

De son côté, Amnesty International a estimé vendredi que l'accord ne doit pas empêcher les responsables des violations des droits de l'Homme d'être traduits en justice.