Le 11 septembre 1973, le président Salvador Allende était renversé au Chili par un coup d'État mené par le général Augusto Pinochet et soutenu par les États-Unis. Cet événement charnière de la guerre froide, qui transforma en laboratoire du néolibéralisme ce modèle de démocratie, a été commémoré hier, au Chili bien sûr, mais aussi dans toute l'Amérique latine et ailleurs au monde.

À Montréal, des sympathisants ont manifesté devant le consulat des États-Unis et le groupe Acalanto a donné un concert en soirée.

Allende était le premier marxiste élu chef d'État dans le monde. L'armée, qui avait bombardé le palais présidentiel de La Moneda à Santiago, montra à un photographe son corps avec un fusil à ses côtés dans une simulation de suicide qui reste controversée à ce jour. Le putsch lui-même fit une quarantaine de victimes, mais le régime instaura un terrorisme d'État sous lequel jusqu'à 50 000 Chiliens furent détenus dans des stades de soccer. Plusieurs milliers d'entre eux furent torturés ou assassinés, ou ont simplement disparu.

La répression s'est poursuivie sous les 17 années du régime Pinochet, qui continuait en même temps d'approfondir l'expérience néolibérale. L'État chilien a fini par reconnaître 3197 victimes du coup d'État. Des documents secrets rendus publics mercredi par le National Security Archive, un groupe privé lié à l'Université George Washington, montrent que le président Richard Nixon, ses secrétaires d'État William Rogers et Henry Kissinger et le directeur de la CIA, Richard Helms, ont longuement conspiré contre Allende. «On ne voit pas notre main dans cette affaire», dit Nixon à Kissinger après le coup d'État. «On ne l'a pas fait», répond Kissinger, «on les a aidés (les putschistes) en créant les meilleures conditions possible «.