Au moins huit personnes ont été tuées et 20 autres ont été blessées dans des combats de rue entre partisans et opposants du président bolivien Evo Morales tandis que s'envenimait la crise diplomatique entre La Paz et Washington.

Les manifestations contre les projets du président bolivien de réformer la Constitution et de redistribuer les revenus du gaz durent depuis deux semaines. Mais elles ont pris cette semaine un tour violent dans les provinces de l'est, riches en ressources énergétiques.

Les partisans de l'opposition ont investi des bâtiments publics, bloqué des routes et saisi des champs gaziers. Des battes, des machettes et des pistolets ont été utilisés lors d'affrontements avec des sympathisants du président de gauche.

Jeudi à Cobija, la capitale de la province du Pando, huit personnes ont été tuées, selon le ministère des mouvements sociaux.

Evo Morales a renvoyé l'ambassadeur des Etats-Unis à La Paz, Philip Goldberg, qui avait rencontré la semaine dernière l'une des principales figures d'opposition, Ruben Costas, le gouverneur de la province de Santa Cruz. Le président bolivien reprochait au diplomate américain une ingérence visant à soutenir les manifestants de l'opposition.

En contrepartie, les Etats-Unis ont déclaré l'ambassadeur de Bolivie à Washington Gustavo Guzman «persona non grata», ce qui lui laisse trois jours pour quitter le pays.

En signe de bonne volonté, le ministre bolivien des Affaires étrangères David Choquehuanca a dit jeudi à la presse qu'il avait écrit à la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice pour lui assurer que la Bolivie «souhaite maintenir des relations bilatérales».

Les manifestants anti-gouvernementaux veulent qu'Evo Morales annule le référendum prévu le 7 décembre prochain. Ce scrutin porte sur une nouvelle Constitution qui centraliserait le pouvoir, permettrait au président de briguer un second mandat consécutif et autoriserait le transfert des terrains en jachère à des paysans sans terres.

La société Transierra affirme que les partisans de l'opposition ont saboté jeudi un gazoduc qui alimente le Brésil; la moitié des exportations de gaz naturel vers le premier client de la Bolivie ont donc été suspendues pendant sept heures.

Les livraisons continueront d'être perturbées pendant les réparations qui pourraient prendre deux semaines, selon le ministère bolivien des Finances.

En raison des manifestations, certains aéroports régionaux ont été fermés. American Airlines a suspendu tous ses vols à destination de la Bolivie et ne prévoyait de reprendre les liaisons que dimanche.

En signe de solidarité avec Evo Morales, le président vénézuélien Hugo Chavez a rappelé son ambassadeur à Washington. Il a donné à l'ambassadeur des Etats-Unis à Caracas 72 heures pour quitter le pays.

Hugo Chavez a en outre menacé d'une intervention militaire si Evo Morales venait à être renversé par la force. «Ca nous donnerait le feu vert pour tout type d'opération nécessaire afin de restaurer le pouvoir du peuple», a-t-il averti.