Le président du Venezuela, Hugo Chavez, a annoncé dans une manifestation publique avoir ordonné l'expulsion sous 72 heures de l'ambassadeur américain à Caracas, en solidarité avec la Bolivie qui a également expulsé mercredi le représentant américain à La Paz.

«A partir de ce moment, l'ambassadeur yankee à Caracas a 72 heures pour quitter le Venezuela, en solidarité avec la Bolivie», a-t-il déclaré lors d'un rassemblement de son parti à Puerto Cabello, à 120 km à l'ouest de Caracas.

«Allez au diable, yankees de merde», a ajouté le président Chavez.

Le chef de l'Etat vénézuélien a exprimé sa solidarité avec son homologue bolivien, allié et ami, Evo Morales, qui a expulsé mercredi l'ambassadeur américain à La Paz en l'accusant d'alimenter la division et le séparatisme en Bolivie, confrontée à une grave crise politique.

En réponse, les Etats-Unis ont décidé jeudi à leur tour d'expulser l'ambassadeur de Bolivie à Washington.

Le président Morales est confronté à la fronde des préfets de cinq provinces (sur les neuf du pays) dirigées par l'opposition, qui ont lancé en août une campagne de blocage de routes pour protester contre le pouvoir central et obtenir un statut de large autonomie.

Des heurts violents ont éclaté le 9 septembre dans des régions tenues par l'opposition. Des affrontements entre militants pro-Morales et partisans de l'opposition ont fait au moins huit morts jeudi dans le nord du pays.

«Ici, il y a un peuple digne, yankees de merde. Allez au diable 100 fois», a répété M. Chavez, bête noire de Washington dans la région.

Les Etats-Unis se sont abstenus de tout commentaire, un porte-parole du département d'Etat, Noel Clay, a souligné que «les Etats-Unis n'avaient pas été informés par les canaux diplomatiques appropriés»

L'expulsion de l'ambassadeur américain à Caracas intervient quelques heures après que M. Chavez eut dénoncé une tentative présumée de coup d'Etat à son encontre, précisant que le pays était victime d'un «nouvel assaut impérialiste», en référence aux Etats-Unis.

Au cours de la même réunion publique jeudi, M. Chavez, a menacé de suspendre les fournitures de brut vénézuélien aux Etats-Unis, son principal client, si Washington agresse son gouvernement.

En cas d'agression américaine contre le Venezuela, «il n'y aura plus de pétrole pour le peuple des Etats-Unis», a-t-il averti, alors que son pays est le cinquième fournisseur de brut aux Etats-Unis.

«Nous voulons être libres quoi qu'il se passe et quel qu'en soit le coût», a-t-il martelé.

Le chef de l'Etat a également publiquement demandé à son conseiller Nicolas Maduro d'ordonner le rappel immédiat de l'ambassadeur vénézuélien à Washington.

«Monsieur le conseiller Maduro, faite rentrer notre ambassadeur avant qu'ils ne le mettent à la porte de là-bas. Qu'il revienne dans sa patrie», a ordonné M. Chavez.

Le Venezuela renverra un ambassadeur à Washington «quand il y aura un nouveau gouvernement aux Etats-Unis», mais pas tant que le président George W. Bush sera au pouvoir, a-t-il précisé.

«A partir de ce moment, la Bolivie n'est plus seule», a affirmé le président vénézuélien, qui a attribué la responsabilité des tensions actuelles au «gouvernement des Etat-Unis» qui «est derrière toutes les manoeuvres» de destabilisation en Amérique latine.

«Nous sommes résolus à être libres» et à nous libérer du «joug de l'empire» américain, a-t-il conclu.