L'Argentine a accusé les Etats-Unis d'utiliser un procès en cours à Miami pour fomenter un complot politique à l'encontre du gouvernement de la présidente Cristina Kirchner.

Dans un communiqué rendu public par le ministère argentin des Affaires étrangères, Buenos Aires accuse Washington d'utiliser à des fins politiques les affirmations faites dans le cadre du procès de quatre ressortissants sud-américains, accusés d'être des agents du gouvernement vénézuélien mêlés à une affaire de contrebande en Argentine.

Les «affirmations irresponsables du procureur (à Miami) sur la base de matériaux fabriqués et produits par le FBI, c'est-à-dire avec l'assentiment des autorités politiques des Etats-Unis (...) impliquent un usage indu d'une affaire judiciaire à des fins politiques», indique ce communiqué.

Trois Vénézuéliens et un Uruguayen sont accusés par les Etats-Unis d'avoir agi à Miami en tant qu'agents du Venezuela afin de faire pression sur l'homme d'affaires vénézuélien Guido Antonini Wilson, qui avait introduit près de 800 000 dollars non déclarés en Argentine en août 2007, pour cacher la provenance et la destination de cet argent.

Il s'agissait «d'argent destiné à la campagne présidentielle de la candidate d'alors en Argentine Cristina Kirchner», a dit lundi le procureur Thomas Mulvihill en présentant au jury les arguments de l'accusation.

L'actuelle présidente argentine, élue en octobre 2007, a nié avoir reçu lors de sa campagne électorale des fonds provenant du Venezuela. Le procureur a précisé que les accusations s'appuyaient sur des enregistrements obtenus par le FBI.

Le gouvernement argentin rappelle également dans ce communiqué la demande d'extradition qu'il a présentée à l'encontre de Guido Antonini Wilson, s'étonnant qu'elle soit jusqu'à présent restée sans réponse en dépit de demandes répétées. «Ce silence est particulièrement assourdissant étant donné que la justice argentine est l'organe naturellement compétent pour juger les personnes accusées de contrebande dans notre pays», indique ainsi le ministère argentin.

L'affaire, qui a éclaté en décembre quelques jours après l'investiture de la présidente argentine, a créé de vives tensions entre Washington et Buenos Aires, en dépit de la volonté jusqu'alors affichée par le gouvernement argentin d'épargner Washington. Mais les accusations directes lancées cette semaine à Miami ont profondément irrité le gouvernement argentin. «Il est très grave qu'un délinquant comme Antonini accuse le gouvernement et qu'on lui accorde du crédit», a ainsi déclaré jeudi matin le chef de Cabinet (gouvernement) Sergio Massa.