À la demande de son parti, le premier ministre sortant en Thaïlande, Samak Sundaravej, a accepté jeudi d'être candidat à sa propre succession, malgré une décision judiciaire l'ayant forcé à démissionner 48 heures plus tôt.

La nomination de M. Samak en vue de sa réélection vendredi au Parlement a rendu furieux les manifestants royalistes qui campent depuis le 26 août dans le complexe abritant les bureaux du premier ministre à Bangkok.

M. Samak, 73 ans, leader du Parti du pouvoir du peuple (PPP) et chef du gouvernement depuis à peine sept mois, avait été contraint d'abandonner ses fonctions mardi par la Cour constitutionnelle qui l'avait reconnu coupable d'avoir accepté de l'argent d'une entreprise privée produisant ses émissions culinaires à la télévision.

M. Samak avait aussitôt démissionné mais la Cour constitutionnelle ne l'avait pas exclu de la scène politique et rien ne l'empêchait de se représenter.

Jeudi matin, la majorité des parlementaires du PPP a désigné M. Samak candidat à sa propre succession et il a «accepté sa nomination», a déclaré Suthin Klangsang, un porte-parole du parti au pouvoir.

«M. Samak a dit qu'il était sûr que le Parlement le jugerait apte et il est heureux d'accepter le poste», a-t-il ajouté.

Plus tôt, ce même porte-parole avait indiqué que si M. Samak avait décliné l'offre, le PPP aurait proposé un autre candidat.

Le parti au pouvoir, qui contrôle 223 des 470 sièges actuellement pourvus à la chambre basse du Parlement, est apparu divisé sur la question de maintenir ou non la candidature de M. Samak, selon des sources internes au PPP.

Des réserves ont également été exprimées par deux des cinq partis partenaires de la coalition gouvernementale. Ces cinq partis totalisent 83 sièges au Parlement.

«M. Samak n'a rien fait de mal», a dit un autre porte-parole du PPP, Kudep Saikrajang.

Il a affirmé qu'en soutenant sa réélection, le PPP ne défiait pas la justice qui l'a condamné pour une «erreur mineure», alors que neuf leaders des manifestants qui occupent le siège du gouvernement font l'objet de mandats d'arrêt pour insurrection et trahison.

Le principal leader des opposants retranchés à «Government House» a dit que les manifestants rejetaient la nouvelle nomination de M. Samak.

«Notre position reste la même: nous n'accepterons pas Samak ou quiconque proposé par le PPP, car ce parti manque de légitimité», a déclaré à l'AFP Sondhi Limthongkul, fondateur de l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD).

«Ils ont violé la Constitution et manquent de moralité», a-t-il ajouté.

En 2006, la PAD --coalition hétéroclite regroupant des royalistes, des hommes d'affaires, des syndicalistes et d'anciens officiers-- avait largement contribué, par ses manifestations à Bangkok, à déstabiliser l'ex-premier ministre Thaksin Shinawatra avant son renversement par l'armée en septembre de cette année-là.

M. Samak était devenu premier ministre en février dernier, à l'issue des premières élections législatives depuis le putsch de 2006.

Avant la nouvelle nomination de M. Samak jeudi, le commandant-en-chef de l'armée thaïlandaise, le général Anupong Paojinda, s'était prononcé, «à titre personnel», en faveur d'un gouvernement d'unité nationale.

Il avait également préconisé la levée de l'état d'urgence à Bangkok, après avoir refusé de recourir à la force pour faire appliquer cette mesure.

M. Samak avait proclamé l'état d'urgence le 2 septembre dans la capitale thaïlandaise après de violents affrontements entre partisans et adversaires du gouvernement, qui avaient fait un mort et des dizaines de blessés.