Le président bolivien Evo Morales a décrété mercredi persona non grata l'ambassadeur des Etats-Unis à La Paz, Philip Goldberg, qu'il a accusé d'alimenter la division et le séparatisme en Bolivie.

Un porte-parole du département d'Etat américain, Gordon Duguid, a qualifié mercredi d'«infondées» ces accusations. «Nous essayons de confirmer» les informations de presse à ce sujet, a-t-il précisé, notant qu'il existait

des «procédures pour déclarer quelqu'un persona non grata».

M. Morales lors d'une réunion au palais présidentiel à La Paz a déclaré: «Je demande au ministre des Affaires étrangères d'envoyer aujourd'hui (un message) faisant connaître la décision du gouvernement, du président afin qu'il regagne son pays». «Celui qui cherche la division de la Bolivie, c'est l'ambassadeur des Etats Unis», a ajouté le dirigeant, accusant M. Goldberg d'encourager les troubles dans cinq des neuf départements du pays où est rejeté le projet de nouvelle Constitution que M. Morales entend faire approuver en janvier par un référendum populaire.

Le président vénézuélien Hugo Chavez, la bête noire de Washington, a aussitôt apporté son soutien à son collègue Evo Morales, un proche allié politique.

«Le président Morales se trouve à la tête de son peuple, défendant la souveraineté de la Bolivie et nous serons avec lui» a déclaré M. Chavez, jugeant que la crise que traverse le pays andin était provoquée par «les forces impérialistes des Etats-Unis et l'extrême droite alliée aux yankees».

Le dirigeant vénézuélien a comparé la crise bolivienne avec la tentative de coup d'état qui l'avait écarté du pouvoir durant deux jours en avril 2002.

Le ministère des Affaires étrangères bolivien avait déjà manifesté son mécontentement fin août à la suite d'une réunion publique qui s'était déroulée entre le diplomate américain et préfet de la région de Santa Cruz, Ruben Costas, farouche opposant à Morales à la tête de l'opposition. Le gouvernement avait exigé qu'à l'avenir ne se reproduise plus ce type de rencontre, à l'heure où la Bolivie traverse une crise politique profonde.

L'opposition en Bolivie poursuivait mercredi des opérations de protestation contre la politique d'Evo Morales, au lendemain de manifestations violentes dans les régions qu'elle domine.

Une explosion, qualifiée d' «acte terroriste» par les autorités, a endommagé mercredi un gazoduc du sud de la Bolivie alimentant le Brésil tandis que des groupes de jeunes manifestants ont provoqué mercredi l'arrêt de la livraison de gaz naturel à l'Argentine et partiellement au Brésil en occupant une station de pompage d'un gazoduc du sud de la Bolivie.

Le porte-parole du gouvernement Yvan Canelas a accusé à nouveau les gouverneurs régionaux opposés au président Morales, de «chercher la guerre civile» au moyen d'«un affrontement avec les militaires et la police».

Des affrontements avec les forces de l'ordre avaient fait plusieurs blessés mardi soir à Santa Cruz (est), la région la plus riche du pays andin, et à Tarija (sud), province détenant la majorité des réserves d'hydrocarbures.