Les Etats-Unis jouent la «fin de partie» en Irak mais doivent évaluer soigneusement le redéploiement de leurs effectifs vers l'Afghanistan pour ne pas risquer un retournement de la situation, a estimé mercredi le secrétaire à la Défense Robert Gates.

Son conseiller militaire, l'amiral Michael Mullen, chef d'état-major interarmées américain, a de son côté déclaré qu'il avait ordonné l'élaboration d'une «nouvelle stratégie» en Afghanistan.

«Je ne crois pas que nous soyons en train de gagner en Afghanistan, mais je suis convaincu que nous pouvons le faire», a-t-il affirmé devant des sénateurs américains.

Il a salué l'envoi d'environ 4 500 hommes en Afghanistan d'ici à janvier, annoncée mardi par le président George W. Bush. C'est «un bon et important départ», a-t-il jugé, même si le commandement américain en Afghanistan demandait davantage d'hommes, environ 10 000, pour mener la bataille contre les talibans.

Le secrétaire à la Défense a reconnu, lors de la même audition devant des sénateurs, que l'insurection des talibans prenait de l'ampleur en Afghanistan. Mais selon lui, «des forces supplémentaires ne résoudront pas le problème» et l'insécurité persistera en Afghanistan jusqu'à ce que les insurgés soient privés de bases arrières au Pakistan.

«L'augmentation de la violence de l'insurection constitue notre plus grande inquiétude», a-t-il assuré, tout en expliquant que la situation en Irak continuait d'exiger un important contingent américain. A ce titre, il a estimé que l'annonce du président Bush de ne réduire que de 8 000 hommes (sur 145 000) les effectifs américains en Irak était une «bonne décision».

«Je crois que nous jouons maintenant la fin de la partie (en Irak) et les décisions que nous allons prendre aujourd'hui et dans les mois à venir seront cruciales pour la stabilité de la région et pour notre propre sécurité», a dit M. Gates.

Il a estimé que le niveau, minime, de la réduction permettra de gérer des situations imprévues à l'avenir, mettant en garde contre un retournement de la situation.

«Ces réductions permettront également de laisser une marge de manoeuvre au prochain (président)», a-t-il dit.

Le secrétaire à la Défense a plaidé pour que les Etats-Unis restent impliqués en Irak dans les «années à venir», avec une évolution de leur rôle et une diminution de leur présence.