Les avocats de plusieurs détenus de Guantanamo ont demandé au tribunal fédéral de Washington d'infliger des «sanctions», y compris financières, au gouvernement de George W. Bush, coupable selon eux de jouer la montre dans les procédures de contestation en cours.

Dans une requête dont l'AFP a obtenu copie mercredi, les avocats estiment que «la Cour ne peut pas être s'assurer que le gouvernement va se conformer aux délais qu'elle fixe (...) à moins de lui faire payer un prix», quand il ne s'y conforme pas.

Le gouvernement a demandé le 29 août au juge Thomas Hogan --chargé de coordonner la majorité des dossiers déposés début juillet devant le tribunal fédéral de Washington-- un mois de délai pour remettre les 50 premiers dossiers.

Ce retard est justifié selon le gouvernement par le temps nécessaire aux agences de renseignements pour autoriser la révélation de documents classifiés.

Concrètement, le gouvernement n'a remis au juge que 10 des 50 dossiers que celui-ci avait début juillet solennellement ordonné pour le 29 août.

En autorisant les détenus de Guantanamo à utiliser la procédure de l'Habeas Corpus, principe fondateur du droit anglo-saxon qui donne à tout prisonnier le droit de contester sa détention, la Cour Suprême avait également pressé le tribunal fédéral de Washington d'agir vite pour ces hommes, enfermés pour certains depuis plus de 6 ans, sans inculpation ni procès.

Parmi les sanctions évoquées par les avocats, figure celle d'obliger le gouvernement à remettre les 40 dossiers restant «dans les sept jours».

Et si le gouvernement «ne parvient pas à tenir ce nouveau délai ou aucun autre à venir, pour remettre les dossiers, la Cour devrait lui imposer des sanctions significatives, n'excluant pas (...) des sanctions financières», ajoutent les avocats.

Ceux-ci reprochent notamment au gouvernement d'avoir déposé sa motion pour obtenir un délais le 29 août à 23h59 alors qu'il «savait évidemment avant le 29 août qu'il ne tiendrait pas le délai».

«Les détenus souffrent de chaque jour de détention supplémentaire et de chaque retard dans leur possibilité de contester leur détention», ont assuré leurs conseils pour qui, en réalité, le gouvernement «ne se considère pas tenu par les délais imposés par la Cour».