Le président zimbabwéen Robert Mugabe et les leaders de l'opposition pourraient conclure mercredi un accord sur un partage du pouvoir s'ils trouvent un terrain d'entente sur le contrôle de l'exécutif, après trois semaines de blocage dans les négociations.

Le président Mugabe, 84 ans, s'est dit «optimiste» sur la conclusion de cet accord mercredi avant de reprendre en milieu de matinée les négociations avec l'opposition, qui s'est montrée plus prudente.

«Je suis optimiste, nous ne sommes pas nés pour être pessimistes, n'est-ce pas?», a-t-il déclaré à la presse avant d'entrer dans l'hôtel de Harare où se réunissent depuis lundi les négociateurs sous l'égide du médiateur sud-africain Thabo Mbeki.

La veille, l'opposition a également fait part de «progrès» après trois semaines de blocage entre les deux parties qui ont à plusieurs reprises tenté de faire plier le camp adverse.

Le leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) Morgan Tsvangirai espérait «travailler sur les questions importantes» mercredi. Une source proche du MDC a indiqué qu'il restait prudent tout en gardant «espoir que le processus parvienne à une conclusion fructueuse cette semaine» pour sortir le pays de la crise, née de la défaite historique du régime fin mars aux élections parlementaires et de la réélection contestée du président Mugabe le 27 juin.

La faction dissidente du MDC s'est montrée comme toujours plus optimiste. «Il reste quelques problèmes à résoudre mais nous sommes confiants que (mercredi), nous allons finaliser et terminer cet important processus», a déclaré son chef Arthur Mutambara.

Selon le quotidien zimbabwéen The Herald, des avancées auraient été réalisées mardi lors d'une réunion entre les trois protagonistes sans M. Mbeki, «en discutant le document présenté par le leader sud-africain lorsqu'il est arrivé dans le pays lundi».

Fort de ces progrès, le président Mbeki a d'ailleurs reporté à jeudi sa rencontre prévue au Swaziland avec la troïka responsable des questions de sécurité en Afrique australe pour lui faire un rapport sur la situation qui vient d'évoluer.

Le parti au pouvoir depuis 1980, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), et le MDC auraient chacun fait quelques compromis sur les rôles dévolus au président et au premier ministre, a précisé le journal sud-africain The Star, citant des sources anonymes.

Le président Mugabe serait ainsi prêt à céder du terrain sur le contrôle quotidien des questions gouvernementales au leader de l'opposition, qui de son côté accepterait d'avoir davantage de pouvoir mais pas le contrôle absolu du gouvernement, a développé le quotidien.

«Le partage des ministères, la demande de Mutambara de devenir vice-premier ministre et la durée de cet accord faisaient partie des questions devant être discutées» mercredi, selon The Star.

Ces points d'achoppement, qui ont notamment provoqué la suspension de près de trois semaines de négociations mi-août, pourraient une nouvelle fois conduire dans l'impasse, selon l'analyste politique Takavafira Zhou.

«Jusqu'à ce qu'un accord soit signé, je maintiens que la Zanu-PF et le MDC sont comme l'eau et l'huile. Il ne peuvent jamais se mélanger», a-t-il affirmé. Pour cet analyste, «le MDC devrait s'inquiéter de l'accord car l'histoire a montré qu'il est impossible de négocier avec la Zanu-PF et de gagner quelque chose».