Il ne sait pas encore parler, mais il pourrait jouer un rôle déterminant dans la campagne à la Maison-Blanche, ce qui serait sans contredit une première dans les annales politiques aux États-Unis.

«Il», c'est Trig Paxson Van Palin, le dernier enfant de la colistière de John McCain, âgé de moins de 5 mois et atteint de trisomie 21.

Durant la convention républicaine à Saint Paul, on l'a beaucoup vu à la télévision, passant des bras de ses soeurs à ceux de sa mère et de son père et même de Cindy McCain, épouse du candidat républicain à la présidence.

Dans les kiosques à journaux, on le voit également à la une des magazines populaires comme People et US et des quotidiens sérieux comme le New York Times et le Washington Post, qui se penchent sur la «fusion» de la maternité et de la politique au temps de Sarah Palin.

Pour le moment, le phénomène Palin et tout ce qui s'y rattache semblent profiter aux républicains. En tête des sondages la semaine dernière, Barack Obama accuse désormais un retard sur John McCain dans plusieurs des études qui ont été publiées depuis la fin de la convention républicaine.

Ces sondages reflètent notamment l'enthousiasme des électeurs de la droite religieuse à l'égard de la candidate républicaine à la vice-présidence. Un enthousiasme qui ne participe pas seulement de la sélection de la gouverneure de l'Alaska comme colistière de John McCain mais également de la décision de cette mère de famille de donner la vie à un enfant handicapé.

«J'ai peine à croire ce qu'elle a fait pour enflammer le Parti républicain et les gens qui étaient, au mieux, tièdes à l'endroit de McCain», dit Phyllis Schlafly, présidente d'une organisation anti-avortement. «Elle ne fait pas que parler, elle vit ses opinions», ajoute-t-elle en faisant allusion à la décision de la gouverneure de l'Alaska ne pas avorter en sachant que son enfant serait trisomique.

L'ironie veut que Sarah Palin ait gardé le secret sur sa grossesse durant les sept premiers mois. Elle craignait notamment la réaction des électeurs de l'Alaska à une telle annonce de la part de leur gouverneure. Ceux-ci ne pourront certes pas lui reprocher d'avoir négligé ses responsabilités politiques, avant ou après l'arrivée prématurée de Trig.

À la veille de la naissance de l'enfant, Sarah Palin a prononcé un discours important au Texas, même si elle se doutait qu'elle avait commencé à perdre ses eaux. Trois jours après son accouchement, elle était de retour au travail.

Contrairement à ce à quoi on aurait pu s'attendre, la grande majorité de commentateurs conservateurs ont refusé de critiquer la décision de Sarah Palin de mettre l'accent sur sa carrière politique. Laura Schlessinger, mieux connue sous le nom de Dr Laura, a été l'une des rares de son camp à exprimer son désaccord.

«Je suis stupéfaite, a écrit la célèbre animatrice de radio sur son blogue. Le Parti républicain ne pouvait pas trouver une seule femme compétente avec des enfants adultes pour être la colistière de McCain? Franchement, quel genre de modèle représente une femme qui retourne à son travail de gouverneure trois jours après avoir donné naissance à un enfant atteint d'un handicap?»

Sarah Palin aura peut-être la chance de répondre à cette question plus tard cette semaine lorsqu'elle accordera sa première interview importante sur la chaîne ABC.

Le bond de McCainTout baigne pour John McCain, qui bondit dans les sondages dans la foulée de son choix de Sarah Palin comme colistière et la tenue de la convention républicaine à Saint Paul. Le candidat républicain obtient 50% des intentions de vote contre 46% pour Barack Obama, selon un sondage USÀ Today/Gallup publié hier. Avant la convention républicaine, le candidat Obama jouissait d'un avantage de sept points. En revanche, un sondage CNN/Opinion Reseach publié hier plaçait les candidats à égalité avec 48% des intentions de vote chacun.