Trois des huit Britanniques accusés d'un vaste complot terroriste visant plusieurs vols transatlantiques, dont un à destination de Montréal, ont été reconnus coupables hier par un tribunal londonien.

Ils étaient soupçonnés de préparer des attaques suicide à l'aide de bombes liquides maquillées en boissons gazeuses. Leur arrestation avait cloué au sol des centaines d'avions dans les aéroports britanniques en août 2006.

Abdulla Ahmed Ali, Assad Sarwar et Tanvir Hussain ont été jugés coupables de conspiration pour meurtre après cinq mois d'audiences. Leur sentence sera connue au cours de la semaine.

Ces jeunes hommes, tous résidants de Londres, préparaient un nouveau 11 septembre qui aurait fait au moins 2000 victimes, selon la Couronne.

Une des pièces centrales de l'accusation était une clé mémoire USB renfermant des données sur une série de vols en direction du Canada et des États-Unis, dont le vol 865 Londres-Montréal d'Air Canada.

Le jury a pourtant refusé de se prononcer sur le chef d'accusation portant sur la thèse du complot aérien.

Cinq autres hommes étaient sur le banc des accusés. Le jury a innocenté l'un d'eux, Mohammed Gulzar, et n'a pu se mettre d'accord sur un verdict pour les quatre autres.

Sept des accusés avaient pourtant enregistré des vidéos incendiaires exprimant leur allégeance à «Cheikh Oussama» (ben Laden) et leur désir de venger la mort de musulmans en Afghanistan, en Irak et en Palestine.

«Attendez-vous à être inondés d'opérations de martyrs», avait prévenu le cerveau de la cellule extrémiste, Abdulla Ahmed Ali.

Que de la propagande anti-occidentale ! avait expliqué le groupe dans sa défense.

Une fabrique de bombes

Le chef, Abdulla Ahmed Ali, s'était rendu plusieurs fois au Pakistan en 2006 où un «mystérieux «membre d'Al-Qaeda lui avait appris à confectionner des liquides explosifs à base d'eau oxygénée (peroxyde d'hydrogène).

M. Ali avait par la suite improvisé une fabrique à bombes dans un appartement londonien où il rencontrait régulièrement ses complices. Il a prétendu lors du procès avoir planifié l'explosion de petites bombes à des endroits stratégiques, dont l'aéroport londonien de Heathrow, mais dans le seul but de faire un coup médiatique. Le jury ne l'a pas cru.

Ce complot a été éventé à la suite de la plus vaste opération de surveillance britannique impliquant les services de sécurité du MI5 et Scotland Yard.

Malgré le verdict partagé du jury, l'expert en sécurité internationale Bob Ayers l'a bien accueilli hier. «Le fait que le jury n'ait pas reconnu le complot aérien n'est qu'un détail, explique l'expert en entrevue téléphonique. L'important, c'est que ces individus soient derrière les barreaux pour 10 ou 20 ans. «

La Couronne a affirmé hier qu'elle envisageait un nouveau procès pour obtenir un verdict de culpabilité spécifique au complot aérien. Bob Ayers croit qu'elle n'en fera rien.

«Ce serait une procédure beaucoup trop coûteuse. De toute façon, les preuves seraient les mêmes. Les Britanniques peuvent dormir tranquilles. Leurs services de sécurité ont fait du bon boulot «, dit l'analyste de la Chatham House.