Le président George W. Bush a annoncé mardi une réduction minime de 8000 hommes des effectifs américains en Irak dans les prochains mois et l'envoi d'environ 4500 hommes en Afghanistan d'ici à janvier, quand il quittera la Maison-Blanche.

La décision, attendue, de M. Bush lègue a priori à celui qui lui succèdera le 20 janvier 2009, que ce soit le républicain John McCain ou le démocrate Barack Obama, une présence militaire américaine en Irak plus forte que deux ans plus tôt, malgré l'impopularité de cette guerre et l'attente d'un désengagement qui est l'un des grands enjeux de la présidentielle américaine.

La décision a ramené les guerres en Irak et en Afghanistan sous les feux de la campagne, plus accaparés par une économie ralentie.

Selon le texte de déclarations faites à Dayton (Ohio), M. Obama a jugé insuffisants les renforts pour l'Afghanistan et a accusé MM. Bush et McCain de ne pas comprendre que «le front central de la guerre contre le terrorisme n'est pas l'Irak et ne l'a jamais été, le front central se trouve en Afghanistan et au Pakistan».

M. Obama se vante d'avoir été l'un des rares à s'opposer dès le début à une guerre en Irak farouchement défendue par M. McCain.

Les progrès accomplis en Irak, «inimaginables» pour certains d'entre eux il y a deux ans selon M. Bush, vont permettre de faire rentrer environ 3500 soldats d'unités de soutien au cours des mois à venir, un bataillon de Marines d'ici à novembre et une brigade de l'armée de terre en février, a dit M. Bush devant la National Defense University, grande institution d'enseignement militaire.

«Cela correspond à environ 8000 soldats supplémentaires qui vont rentrer sans être remplacés. Et si les progrès en Irak tiennent, le général Petraeus (commandant de la force multinationale) et nos dirigeants militaires croient que de nouvelles réductions seront possibles au cours de la première moitié de 2009», a-t-il dit.

Ces retours, qui suivent celui de cinq brigades dépêchées en 2007 alors que l'Irak menaçait de sombrer dans le chaos, iront de pair avec l'envoi en Afghanistan, en novembre, d'un bataillon de Marines qui devait se déployer en Irak, et, en janvier, d'une brigade de l'armée de terre, a dit M. Bush.

Cela correspond à environ 4500 hommes.

Environ 145.000 soldats américains, représentant 15 brigades, sont stationnés en Irak, cinq ans et demi après le début de la guerre.

Il y a environ 31 000 soldats américains en Afghanistan et autant issus d'autres pays, selon M. Bush.

Les recommandations des conseillers de M. Bush, à commencer par le général David Petraeus, reflètent leur prudence face à de nombreuses incertitudes.

M. Bush lui-même a admis que «les progrès en Irak sont toujours fragiles et réversibles», mais ils ont atteint «un degré de durabilité» permettant de nouveaux retraits.

En revanche, «d'immenses défis demeurent en Afghanistan», a-t-il reconnu.

L'envoi d'un bataillon de Marines et d'une brigade apporte un début de réponse à tous ceux qui réclament des renforts face à l'intensification de l'insurrection en Afghanistan. Les deux candidats à la présidentielle sont de ceux-là.

Mais M. Obama a jugé «très modeste» la réduction du contingent irakien. Il s'est dit «content que le président prenne la direction que je préconise depuis des années» pour l'Afghanistan, mais «son plan ne suffit pas, cela ne fait pas assez de soldats, pas assez de ressources, et pas assez de conscience de l'urgence».

Le choix de M. Bush laisse en suspens la question de l'engagement américain à long terme en Irak, qui fait l'objet de négociations entre Washington et Bagdad.

Les responsables irakiens, de plus en plus jaloux de souveraineté, ont affirmé qu'un accord avait été conclu selon lequel il n'y aurait plus aucun soldat étranger en Irak après 2011.