Les Nations unies ont annoncé mardi leur retrait du nord du Sri Lanka avant une offensive de l'armée gouvernementale destinée à chasser de cette partie de l'île en guerre la rébellion tamoule et mettre fin à 36 ans de conflit séparatiste.

Dans les combats quotidiens qui se déroulent dans ces régions septentrionales coupées du monde, le régime de Colombo a aussi affirmé mardi avoir repoussé des attaques aérienne et terrestre des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), au prix de 25 morts.

Le chef de l'État sri-lankais, Mahinda Rajapakse, assure depuis quelques semaines que ses troupes sont sur le point d'écraser les Tigres tamouls et de démanteler le mini-État qu'ils contrôlent de facto dans le nord.

Au lendemain de nouveaux avertissements gouvernementaux quant à une ultime bataille pour déloger les LTTE, l'ONU a indiqué «qu'un calendrier précis pour un retrait complet de tous les personnels devait encore être dressé, mais (que) les redéploiements commenceraient cette semaine».

Il ne reste que quelques organisations humanitaires, dont certaines affiliées aux Nations unies, dans le département de Wanni (nord) sous «juridiction» rebelle.

Puisque la sécurité des rares humanitaires n'est pas assurée, «nous leur avons demandé de quitter Wanni immédiatement», a dit Mahinda Samarasinghe, ministre de la Gestion des catastrophes naturelles.

Poussée à partir, l'ONU a tout de même «noté que le gouvernement reconnaissait sa responsabilité première qui est d'assurer la sécurité des travailleurs humanitaires».

En fait, Colombo veut éviter une répétition d'une tuerie en août 2006 dans l'est du pays lorsque 17 employés locaux de l'ONG française Action contre la faim (ACF) avaient été assassinés, peut-être par des soldats ou miliciens sri-lankais.

L'armée s'était déjà emparée il y a une semaine d'une ville bastion des insurgés tamouls dans le nord, où les combats font des dizaines de morts tous les jours et vont crescendo depuis la rupture en janvier d'un cessez-le-feu signé en 2002.

Indépendant de la Grande-Bretagne depuis le 4 février 1948, le Sri Lanka, anciennement Ceylan, peuplé de 20 millions d'habitants, s'enlise dans le plus vieux conflit en cours en Asie: une petite guerre oubliée où alternent phases de combats, attentats et périodes d'accalmie.

En lutte depuis 1972, les Tigres tamouls, hindouistes, se battent pour l'indépendance du nord et du nord-est de ce pays peuplé à 75% de Cinghalais bouddhistes. Entre 60.000 et 70.000 personnes ont été tuées en trois décennies et des milliers sont mortes depuis le regain de violences de la fin 2005 lorsqu'a été élu le président Rajapakse.

Enhardi par le retrait des Tigres à l'été 2007 de l'est de l'île, le gouvernement espérait anéantir la rébellion avant cet été.

Mais, relèvent des experts, le Sri Lanka a toujours sous-estimé la puissance de frappe des LTTE.

Ainsi, au cours des 18 derniers mois, l'armée a été humiliée par une série de raids aériens menés par les insurgés.

Mardi, le gouvernement a assuré que ses avions de chasse avaient «abattu un appareil» rebelle qui venait de bombarder une base militaire à Vavuniya, à 250 km au nord de Colombo, la capitale. Les LTTE ont rétorqué que leur avion était «revenu sans encombre à sa base».

L'attaque audacieuse des LTTE était la deuxième en dix jours. Une série d'attaques similaires avait commencé en mars 2007 lorsque deux petits aéronefs de fabrication tchèque avaient pilonné une base de l'armée de l'air à Colombo.

Tout en attaquant dans les airs, les LTTE ont également mené une offensive au sol tout près de Vavuniya, qui se serait soldée par la mort de 12 soldats, 11 Tigres tamouls, un policier et un civil.