Plus d'un demi-million de personnes ont été évacuées hier dans l'île de Cuba, placée en état d'alerte maximale avant le passage de l'ouragan Ike, dont les fortes pluies ont de nouveau semé la mort et la désolation en Haïti.

La plupart des routes menant à la ville des Gonaïves, la plus touchée par le passage de Hanna et Gustav, auraient été détruites ou inondées hier, stoppant de nouveau la distribution de vivres et d'eau potable, qui venait à peine de recommencer la veille.

Un convoi de trois camions du Programme alimentaire mondial en route vers un camp de réfugié installé à Saint-Marc, à quelque 60 km des Gonaïves, a dû rebrousser chemin à cause de l'effondrement d'un pont. Des kilomètres de chaussée se sont affaissés. L'eau a recouvert les champs, et les habitations baignent dans plus de 50 cm d'eau boueuse. «C'est une très mauvaise nouvelle. Cela veut dire que les besoins en eau et en nourriture se font encore plus pressants qu'avant. Des gens qui avaient trouvé des refuges ont été de nouveau inondés et isolés. La situation est de plus en plus grave», a déclaré à La Presse le responsable des opérations de la Croix-Rouge internationale, Jean-Pierre Taschereau, joint à Port-au-Prince.

Des secouristes français ont essayé de tracer un nouvel accès par le nord de l'île, en vain. Pire: tous les avions ont été cloués au sol hier par des fortes pluies et des vents violents. «Tant qu'il n'arrêtera pas de pleuvoir, la situation continuera de se détériorer», a dit M. Taschereau.

Les journalistes sur place ont rapporté les témoignages de dizaines de sinistrés affamés. «L'eau avait baissé depuis mardi, mais elle est remontée ce matin. Et nous, on a faim, regarde!» a dit Nicolas Jean-Charles à une reporter de l'AFP en soulevant son t-shirt pour montrer du doigt son maigre ventre. Les plantations sont ravagées.

Joint aux Gonaïves, Jacquelin Eugène a prédit que les lendemains de la saison des ouragans 2008 seront encore plus pénibles que ceux de Jeanne, en 2004, qui avait pourtant fait 3000 morts. «Et il pleut toujours, c'est-à-dire que l'eau continue de monter dans les rues et que les inondations reprennent de plus belle», a souligné le travailleur humanitaire. Le passage d'Ike aurait déjà fait 47 morts, dont 13 enfants, qui s'ajoutent aux quelque 500 victimes de Gustav et Hanna.

Ike a aussi causé des dégâts matériels considérables dans les îles Turks et Caicos, petit territoire britannique dans les Caraïbes. Des vagues de plus de 5,5 mètres de haut auraient complètement détruit 80% des maisons de l'archipel. Le premier bilan ne fait toutefois état d'aucun mort ni blessé parmi les quelque 3000 résidants.

Afin de prêter secours aux sinistrés des récentes tempêtes tropicales, la ministre des Relations internationales du Québec, Monique Gagnon-Tremblay, a annoncé hier une aide d'urgence de 100 000$. Ces fonds seront expédiés par l'intermédiaire de la Croix-Rouge canadienne, le Centre d'études et de coopération internationale, Oxfam-Québec et Médecins du monde.

Évacuation à Cuba

Hier soir, Ike a été rétrogradé de la catégorie 4 à la catégorie 3 peu de temps avant son arrivée à Cuba, mais la Défense civile a maintenu la phase d'alerte maximale pour tout l'est et le centre du pays. Tous les moyens de transport ont été réquisitionnés pour évacuer quelque 500 000 personnes, dont des milliers de touristes étrangers.

Le 30 août, Gustav, de catégorie 4, a détruit ou endommagé 140 000 bâtiments dans l'ouest de l'île avec des rafales de 340 km/h, un record à Cuba. Il n'a toutefois pas fait de victimes comme cela a été le cas dans d'autres pays des Caraïbes. Les États-Unis ont offert une aide financière à Cuba, mais la secrétaire d'État, Condoleezza Rice, a exclu tout allègement de l'embargo maintenu depuis 1962 contre l'île communiste, à l'exception des produits alimentaires et pharmaceutiques.

Avec AFP, AP et PC.