La Russie a estimé lundi que la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye n'est pas compétente pour juger la demande de mesures urgentes introduite par la Géorgie, qui veut que Moscou arrête le nettoyage ethnique en Ossétie du Sud et en Abkhazie.

«La Cour n'est pas compétente dans cette affaire», a déclaré Roman Kolodkin, directeur au ministère russe des Affaires étrangères, lors de la première journée d'audience.

Dans sa requête, la Géorgie se fonde sur la «Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965».

Mais, selon la Russie, «le différend ne porte pas sur la Convention de 1965. La Russie veut régler le problème, mais pas devant la Cour», a dit le professeur Alain Pellet, mandaté par Moscou.

La Russie a argué que le conflit avec la Géorgie n'est pas de nature ethnique, et donc «l'affaire ne peut qu'être rayée du rôle à ce stade», a estimé M. Pellet.

M. Kolodkin a qualifié les accusations de nettoyage ethnique que la Géorgie a développées devant les juges lundi matin «d'absurdes». Selon lui, «la Russie n'a eu d'autre choix que d'être impliquée» dans le conflit en occupant l'Ossétie du Sud et l'Abkazie.

La Géorgie a déposé sa plainte devant la CIJ le 12 août. Deux jours plus tard, elle l'a assortie d'une demande de mesures d'urgence, dites «conservatoires», en attendant un jugement, ce qui pourrait prendre plusieurs mois voire années.

Tbilissi demande aux juges d'ordonner à la Russie la fin du «nettoyage ethnique» et de permettre le retour de ses citoyens chassés de leurs maisons.

Selon Tbilissi, depuis l'intervention russe, près de 150.000 Géorgiens sont «déplacés internes», et les persécutions se poursuivent. (Ce chiffre indique qu'il s'agit en grande partie de Géorgiens n'habitant pas en Ossétie du Sud, dont la population totale est estimée à 70.000, dont entre 15.000 et 20.000 Géorgiens)

Une décision sur ces mesures «conservatoires» peut être prise en quelques semaines.

Plus haute instance judiciaire des Nations unies, la CIJ juge les différends entre les États. Ses arrêts sont contraignants et sans appel.