Les syndicats britanniques ont pourfendu lundi la politique de rigueur salariale du gouvernement, et promis de se coordonner pour la combattre plus efficacement, au premier jour de la 140e conférence annuelle de leur confédération, le Trades Union Congress (TUC).

Les délégués du TUC, confédération qui représente six millions et demi de salariés à travers ses 58 syndicats membres, réunis jusqu'à jeudi à Brighton (sud), ont condamné en des termes très durs la règle imposée par le premier ministre Gordon Brown, qui limite les hausses de salaires dans la fonction publique à 2% par an jusqu'en 2010.

Pendant que le premier ministre se préparait à diriger à Birmingham, cet ancien bastion industriel au coeur de l'Angleterre, un conseil des ministres décentralisé censé démontrer qu'il est proche des gens, le TUC l'a accusé précisément d'ignorer les difficultés de ceux qui peinent à boucler leurs fins de mois face à l'envolée des prix du pétrole et de l'alimention.

«Notre gouvernement doit commencer à écouter ceux qui souffrent», a lancé Dave Prentis, le président du TUC.

«Nous ne pouvons pas laisser dire que le gouvernement ne peut pas se permettre de payer équitablement les fonctionnaires. S'il peut dépenser des milliards en consultants et en réductions d'impôts pour les entreprises, il peut certainement trouver de quoi donner aux instituteurs, aux gardiens de prison et aux fonctionnaires les salaires qu'ils méritent», a argumenté de son côté le secrétaire général de la confédération, Brendan Barber.

Il a également rejeté le raisonnement du gouvernement, qui affirme que lâcher la bride aux salaires gonflerait l'inflation.

«Les fonctionnaires en ont assez qu'on leur dise de réduire leurs revendications salariales, pendant que rien n'est fait pour limiter les bonus obscènes de la City et les augmentations des patrons cupides», a renchéri Keith Sonnet, du syndicat Unison (1,3 million d'adhérents dans le secteur public).

Et Mark Serwotka, le chef du PCS, un autre syndicat important de la fonction publique, où il compte 270 000 adhérents, a souligné que si le Parti travailliste perdait les prochaines élections générales, il ne pourrait s'en prendre qu'à lui-même.

Les militants du PCS se prononceront prochainement sur l'organisation d'une série de grèves dans les mois qui viennent, qui pourrait être l'une des plus importantes «depuis l'ère Thatcher», a-t-il annoncé.

Derek Simpson, un des responsables du premier syndicat britannique, Unite, a quant à lui accusé Gordon Brown de se comporter comme un «lapin pris dans les phares d'une voiture», paralysé face aux difficultés économiques, dans un entretien au Daily Mirror.

Pour prouver leur détermination, les 700 délégués réunis à Brighton ont adopté une motion en faveur de «journées d'actions coordonnées» et d'une manifestation nationale pour la défense des salaires des fonctionnaires. Tout en rejetant l'arme suprême d'un appel à la grève générale, défendu vainement par le syndicat POA (gardiens de prison).

Face à ce flot de critiques (le TUC s'en était déjà pris dimanche à sa politique fiscale), Gordon Brown devrait s'abstenir de toute apparition publique à la conférence, contrairement à l'an dernier où son discours avait été le clou du 139e congrès.

Le premier ministre se contentera d'assister mardi soir à un dîner à Brighton avec des responsables du TUC, mais à huis clos et loin des caméras, préférant laisser à son ministre des Finances Alistair Darling, qui fera un discours mardi à la conférence, la tâche délicate de défendre en public la politique gouvernementale.