Plus de 800 000 personnes ont été évacuées dimanche à Cuba, placée en état d'alerte maximale à l'approche du puissant ouragan Ike qui a causé d'importants dégâts aux Bahamas et dont les fortes pluies ont provoqué la mort de 47 personnes à Haïti.

Ike a légèrement perdu de la puissance dimanche en fin de journée, ses vents passant de 215 à 195 km/h, mais restait un ouragan très dangereux, de catégorie 3 sur 5 sur l'échelle Saffir-Simson, qui menaçait pratiquement toute l'île de Cuba, y compris sa capitale, selon l'Institut de météorologie de Cuba (Insmet).

Ike, qui se trouvait à 18h00 à 80 km de Cuba, doit frapper la côte orientale Nord de l'île dimanche soir. Après l'avoir balayée d'est en ouest, il quittera l'île mardi, aux environs de La Havane (ouest) ou encore de la station balnéaire de Varadero, 140 km plus à l'est, en direction du Golfe du Mexique et de ses ressources pétrolières, selon la même source.

Les fortes pluies provoquées par le passage de Ike au large d'Haïti ont causé au moins 47 morts, dont 13 enfants, dans la nuit de samedi à dimanche, dans le seul village de Cabaret (nord), balayé par des trombes d'eau, a affirmé le député de la région, Pierre-Gérome Valciné, qui assure avoir lui-même vu de nombreux corps sans vie.

L'un des pays les plus pauvres au monde, Haïti, se trouve en grande détresse après avoir été ravagé par trois perturbations majeures en trois semaines, Fay, Gustav et Hanna, qui ont fait plus de 570 morts et laissé des milliers d'habitants sans abri, manquant d'eau potable et de nourriture.

Au sud-est des Bahamas, sur l'île de Great Inagua, Ike a frappé dimanche matin avec la force d'un ouragan de catégorie 4, couchant des poteaux électriques et arrachant des arbres et des toits de maisons. Il n'était pas possible dans l'immédiat de savoir s'il y avait des victimes.

A Cuba, une semaine après le passage de Gustav qui avait dévasté l'ouest de l'île, c'était au tour des provinces orientales et centrales, mais aussi de la La Havane, d'être directement menacées par Ike qui a entraîné l'évacuation de plus de 800 000 personnes, dont quelque 10 000 touristes étrangers de Varadero, la plus grande station balnéaire du pays.

«C'est toute la nation qui se trouve aujourd'hui sur le pied de guerre», a estimé Fidel Castro, l'ancien président en convalescence depuis deux ans, dans une «réflexion» lue à la télévision nationale.

La Défense civile cubaine a décrété la phase d'alerte maximale pour tout le centre et l'est du pays où de fortes pluies s'abattaient en fin de journée, causant notamment des inondations dans des zones côtières, selon la télévision nationale.

La «phase d'alerte cyclonique» a été décrétée à La Havane où la population a été appelée à faire des réserves en eau, nourriture et combustible.

Dans cette ville de deux millions d'habitants, les pêcheurs ont mis leurs barques en rade et les gens ont pris d'assaut les supermarchés. «Encore un ouragan. Et s'il n'y a pas de miracle, il vient droit sur nous», s'est inquiétée Reina Avila, une Havanaise de 63 ans.

La province occidentale de Pinar del Rio et la municipalité de l'Ile de la Jeunesse, encore sous le choc de Gustav, doivent être épargnées par l'oeil de Ike, selon les autorités cubaines qui ont par ailleurs suspendu les vols nationaux.

Le 30 août, Gustav, ouragan de catégorie 4, avait détruit ou endommagé 140.000 bâtiments dans ces régions avec des rafales records pour Cuba à 340 km/h, mais sans faire de mort comme cela a été le cas dans d'autres pays des Caraïbes et dans l'Etat américain de la Louisiane.

Concernant l'aide humanitaire offerte à Cuba, la secrétaire d'Etat américain Condoleeza Rice a exclu tout allégement de l'embargo maintenu depuis 1962 contre l'île communiste sauf pour les produits alimentaires et pharmaceutiques.

La Havane avait répondu la veille à une offre d'aide financière de Washington pour Gustav en estimant que, si les Américains voulaient vraiment aider les Cubains, ils devaient lever leur embargo.