Au moins 22 personnes ont été tuées samedi lorsque d'énormes blocs de pierre se sont détachés de la colline du Moqattam et se sont écrasés sur un quartier déshérité du Caire, où des dizaines d'habitants se trouveraient encore sous les décombres.

Une quarantaine d'habitations en briques du quartier périphérique densément peuplé de Manshiyet Nasser, au nord-est du Caire, ont été ensevelies par ces blocs qui se sont détachés vers 08h50 (2h50 HAE).

Sarghali Gharib, un habitant du quartier sinistré, a dit avoir perdu huit membres de sa famille. «C'était horrible, comme un tremblement de terre, il y avait déjà eu des éboulements, et le gouvernement n'a rien fait pour évacuer ce quartier», raconte-t-il à l'AFP.

L'effondrement d'un pan de la colline, sur 15 mètres de hauteur et 60 mètres de largeur, s'est produit à une heure où beaucoup d'habitants dormaient encore, en ce jour de week-end et début de ramadan.

Vingt-deux personnes sont mortes et 36 blessées selon un dernier bilan recueilli auprès des secouristes. Le ministère de la Santé a parlé lui de 20 personnes tuées dans l'éboulement.

Ce bilan risque cependant de s'alourdir, un député, Haidar Bardadi, ayant estimé qu'entre 150 et 200 personnes se trouvaient encore sous les décombres. Plusieurs témoins ont fait aussi état de dizaines de disparus.

Pendant plusieurs heures, les équipes de secours ont mené leurs opérations avec uniquement l'aide de simples pelles ou de quelques chiens policiers, provoquant la colère des résidents qui ont dénoncé l'incurie des autorités.

Selon un responsable des services de secours, les opérations ont été très lentes en l'absence de moyens appropriés. L'armée a dû leur prêter main forte.

La police anti-émeutes a bouclé la zone sinistrée, dite Isbat bekhit, dans un climat de forte tension.

Le gouverneur du Caire, Abdelazim Wazir, s'est rendu rapidement sur les lieux dans la matinée pour suivre de près les opérations de sauvetage.

Plusieurs témoins ont accusé les autorités de négligence, affirmant que des travaux avaient lieu depuis plusieurs semaines sur la colline et que les autorités avaient été alertées.

«Il y avait eu déjà des éboulements, faisant des blessés légers», s'indigne Abdel Latin Hossam, un chauffeur de 42 ans, dont la maison a été épargnée.

Selon Jamal Badr, 32 ans, dont la maison s'est effondrée, «cela faisait deux ans qu'on avait alerté les autorités que cela allait nous tomber dessus, aujourd'hui le drame est arrivé».

La plupart des habitations et petits ateliers de ce quartier dit «informel» car il échappe à toute réglementation, sont faites en briques et ne dépassent pas les deux étages. Certaines ont trois ou quatre étages au maximum.

La masse désertique du Moqattam est faite d'escarpement calcaire. De très nombreux quartiers informels se sont nichés à son pied, le long du principal périphérique de la métropole.

C'est ici que sont établis les «zabbalin», chiffoniers, majoritairement coptes, qui ramassent et trient dans des conditions extrêmement dures toutes les ordures du Caire, où vivent quelque 20 millions de personnes.

L'effondrement de maisons et d'immeubles est fréquent en Egypte, où de nombreux bâtiments ont été construits sans autorisation.

En décembre 2007, 35 personnes sont mortes dans l'effondrement d'un immeuble de 12 étages à Alexandrie, dans le nord de l'Egypte.

L'explosion démographique, avec trois naissances par minute, l'absence de planification urbaine et une corruption jugée endémique a entraîné un développement anarchique de quartiers construits hors de règles de sécurité.