Accueillie avec ferveur par les délégués de la convention républicaine à Saint-Paul, Sarah Palin a défendu vigoureusement hier soir son statut d'outsider, se définissant comme une «hockey mom ordinaire» qui cherche à servir ses concitoyens du mieux qu'elle peut, envers et contre tout.

«Je ne suis pas un membre de l'establishment politique permanent. Et j'ai appris rapidement au cours des derniers jours que, si vous n'êtes pas un membre reconnu de l'élite de Washington, certains membres des médias vous considéreront non qualifiée pour cette seule raison. Mais j'ai des nouvelles pour tous ces reporters et commentateurs: je ne vais pas à Washington pour bien paraître à leurs yeux. Je vais à Washington pour servir le peuple de ce pays», a déclaré la gouverneure d'Alaska en acceptant l'investiture républicaine à la vice-présidence des États-Unis.

Le discours de la colistière de John McCain survenait après trois jours de révélations gênantes sur sa vie familiale et son passé politique. Elle avait la chance, devant un auditoire télévisée de plusieurs millions, de créer une meilleure impression. Elle y est peut-être parvenue, mais son allocution ne mettra pas fin aux rumeurs les plus explosives à son sujet.

Quelques heures avant son discours, l'équipe de John McCain a en effet dû nier une histoire publiée dans The National Enquirer, un hebdomadaire à sensation, selon laquelle Sarah Palin a eu une liaison adultère avec le partenaire d'affaires de son mari Todd.

«La campagne de calomnies contre la famille Palin doit cesser», a déclaré Steve Schmidt, stratège principal de John McCain, par la voie d'un communiqué. «Les allégations publiées en couverture du National Enquirer sont catégoriquement fausses. C'est un mensonge vicieux», a-t-il ajouté en menaçant de poursuivre le tabloïd.

Le National Enquirer est le même journal qui a récemment publié une série d'articles sur la liaison adultère entre l'ex-sénateur de la Caroline-du-Nord, John Edwards, et une ancienne employée. L'ancien candidat à l'investiture démocrate avait nié les allégations de l'hebdomadaire avant de passer aux aveux.

Sarah Palin n'a pas fait allusion à cette nouvelle rumeur dans son discours, auquel ont assisté tous les membres de sa famille, y compris Levi Johnston, son futur beau-fils, qui est le père de l'enfant que porte sa fille Bristol. Comme si de rien n'était, la gouverneure de 44 ans a prononcé un discours combatif, répliquant avec assurance et humour aux critiques de ses rivaux sur son manque d'expérience.

Elle a également abordé le dossier énergétique et vanté le patriotisme de John McCain.

«Il y a seulement un homme dans cette élection qui s'est battu pour vous dans des endroits où la victoire signifie la survie et la défaite signifie la mort. Et cet homme est John S. McCain», a-t-elle déclaré.

Ses allusions à Barack Obama, dont elle n'a jamais prononcé le nom, lui ont valu des ovations.

«Avant de devenir gouverneure du grand État d'Alaska, j'ai été mairesse de la ville où j'ai été élevée. Et comme nos adversaires dans cette élection présidentielle semblent minimiser cette expérience, permettez-moi d'expliquer en quoi consiste ce job. Je dirais qu'une mairesse d'une petite ville est un peu comme un «travailleur communautaire», sauf que vous avez des responsabilités réelles», a-t-elle déclaré.

La gouverneure d'Alaska s'est également moquée de la propension du sénateur de l'Illinois à parler de changement.

«Voici comment je vois le choix auquel les Américains font face dans cette élection. En politique, il y a des candidats qui utilisent le changement pour promouvoir leurs carrières. Et puis il y a ceux qui, comme John McCain, utilisent leurs carrières pour promouvoir le changement», a-t-elle déclaré.

À la fin du discours de sa colistière, John McCain a fait une apparition sur la scène de la convention républicaine, où était également rassemblée la famille de la gouverneure.

«Ne pensez-vous pas que nous avons fait un bon choix comme prochaine vice-présidente des États-Unis? a-t-il lancé à la foule. Quelle belle famille!»

Le discours de Sarah Palin a mis fin à une soirée au cours de laquelle plusieurs ténors républicains, dont un Rudolph Giuliani en grande forme, se sont adressés aux délégués.