Électricité coupée, toilettes inutilisables, commerces fermés: les habitants des faubourgs de La Nouvelle-Orléans, rentrés chez eux après le passage de l'ouragan Gustav, en étaient réduits jeudi à faire la queue pendant des heures pour recevoir eau et vivres.

L'électricité restait à rétablir dans plus de 900 000 foyers et entreprises, et des hordes de réparateurs s'affairaient fiévreusement jeudi sur les lignes électriques endommagées pour rétablir le courant.

Les responsables politiques tenaient en revanche à montrer à quel point la Louisiane (sud) se relevait rapidement du passage, lundi, de l'ouragan Gustav. Preuve éclatante de leur optimisme: les «Saints», l'équipe de football américain de la ville, doivent jouer comme prévu dimanche au Superdome de la «cité du jazz».

«Les gens vont aller au match, c'est sûr», relève Aaron Broussard, président du district de Jefferson. «Juste parce qu'il y aura l'air conditionné et qu'il pourront utiliser les toilettes», ajoute-t-il avec malice.

Mais «les Saints ont toujours été un bon remède pour le moral de cette région. Nous avons besoin de ce remède», reconnaît M. Broussard.

L'Armée du Salut fournissait déjà jeudi des repas près du Superdome, encore fermé. «C'est bon d'avoir quelque chose à manger», assure une personne évacuée, tout juste rentrée à La Nouvelle-Orléans.

Dans les faubourgs de la ville, comme les districts de St James, Terrebonne et LaFourche, durement touchés par Gustav, la situation n'est pas aussi réjouissante. L'eau courante manque et les égouts sont endommagés.

Les habitants ont été priés de ne pas utiliser les toilettes et de faire bouillir l'eau avant de la boire ou de cuisiner.

Et contrairement aux résidents de La Nouvelle-Orléans, invités par les autorités à regagner leurs domiciles, ceux de Terrebonne sont priés de ne pas rester chez eux, après avoir vérifié l'état de leurs biens.

«Moi qui ai dû dormir dans une maison étouffante toutes les nuits... et me raser dans le noir, croyez-moi quand je vous dis de ne pas revenir tout de suite,» a lancé à ses administrés le maire du district de Terrebonne, Vernon Bourgeois. «Ce que vous voudrez, c'est regarder et partir».

Tandis que le flot des habitants de retour en ville augmentait, des postes de secours improvisés distribuaient glace, eau, bâches et rations militaires. Des centaines de personnes faisaient la queue devant ces postes, sous une chaleur accablante, tandis que les files de voitures s'étiraient sur des kilomètres.

Le gouverneur de Louisiane Bobby Jindal a assuré que l'Etat fournirait des générateurs aux entreprises privées d'électricité.

«Les entreprises qui sont ouvertes sont très occupées... Tous ceux qui ne sont pas encore revenus, vous feriez bien de le faire, car vous êtes en train de perdre beaucoup d'argent», a lancé le maire de La Nouvelle-Orléans, Ray Nagin, à la radio.

Beaucoup d'habitants devaient quand même réparer les dégâts causés par Gustav, alors que d'autres ouragans menaçants avançaient dans l'océan Atlantique. Dans le district de Plaquemines, des équipes tentaient ainsi de colmater une digue endommagée.

Quelque 10 000 habitants seulement étaient restées à La Nouvelle-Orléans, en dépit de l'ordre d'évacuation. M. Nagin avait permis dès mercredi aux habitants impatients de regagner leurs foyers. En tout, deux millions de personnes environ avaient été évacuées de la région.